Le syndicat, créé en 2015 et actif dans toute la Belgique, vise l’autonomie totale des TDS. Comment ? En améliorant les conditions de vie et de travail de tous les Travailleu(r)ses du sexe et en défendant leurs droits humains fondamentaux. En 2018, une section s’est ouverte à Anvers et une autre à Gand pour couvrir le côté néerlandophone du pays. C’est dans ce contexte que Hot Marijke a rencontré Daan Bauwens. « Je me suis présentée pour me faire membre d’UTSOPI, mais je ne m’y suis directement pas sentie bien du tout. J’ai tout de suite ressenti que Daan Bauwens n’était pas quelqu’un de correct, ni dans ses attitudes, ni dans ses prises de décisions, souvent très ‘limite’ ». Le point de désaccord majeur surviendra lors de la crise sanitaire : « Malgré les mesures Corona imposées, il voulait que les filles travaillent sans masque buccal, alors qu’il était obligatoire ! Evidemment, je n'étais pas d'accord et je l’ai dit. J'étais très étonnée qu'en tant que directeur d’UTSOPI, il ne protège pas mieux la sécurité des travailleuses du sexe. C'est purement scandaleux ! ». Hot Marijke finira par quitter UTSOPI. La jeune femme nous confirme toutefois ne pas avoir fait personnellement l’objet de comportements déplacés. En revanche, elle nous livre : « je ne comprends pas pourquoi ce type n'est pas expulsé sommairement. Cela ne se fait absolument pas ! C’est incroyable : le protecteur devient l'agresseur ! Je ne cautionne pas de voir une association de défense des droits des travailleurs du sexe dirigée par un violeur ! ».

Des femmes qui n'osent pas porter plainte

Mais, ces femmes vulnérables sont le plus souvent en situation irrégulière dans le pays. Comme elles craignent d’être expulsées, elles n’osent pas franchir la porte d’un commissariat de police pour porter plainte. Selon plusieurs études, moins d’une TDS sur cinq ose ainsi entreprendre des démarches pour être restaurée dans ses droits et le nombre d’agression est donc grandement sous-estimé. Une zone de non-droit dont Daan Bauwens semblerait avoir conscience. Les victimes nous rapportent en effet : « Il se sent invincible et pense que personne ne peut lui faire quoi que ce soit parce qu'il ne s'agit 'que' de travailleuses du sexe. Mais il s'agit de femmes. Point. Et le non est toujours synonyme de non, quelle que soit la profession de la personne ».

Malgré les allégations répétées de malversations sexuelles et les désaccords criants au sein du conseil d'administration, Daan Bauwens est toujours actuellement à la tête de l'association. Depuis octobre 2022, les membres de l'UTSOPI demandent pourtant la convocation d'une assemblée générale, dans les délais les plus courts que requiert la loi. Elles souhaitent y voter sa démission mise à l’ordre du jour et son remplacement, ainsi que la destitution de l’actuel conseil d'administration - qui semble vouloir couvrir les agissements de son directeur - par le biais une motion de censure. A ce jour, c’est le silence radio. Aucune date d’AG n’a encore été communiquée aux membres et les démissions s’enchaînent.