Après nous avoir sevrés de discours très engagés sur la sécurité routière pendant les années 2000 et 2010, nos élus seraient-ils prêts à revenir en arrière, pour ne rien sacrifier sur l’autel de la sacro-sainte mobilité douce ? Pense-t-on vraiment sauver l’humanité, la planète, les ours polaires et les tartes de Françoise à coups de trottinettes électriques fabriquées en Chine ? Lorsque l’on connaît tous les efforts que doivent fournir les constructeurs automobiles pour protéger les occupants de leur bagnole, il semble complètement incongru qu’à la même époque, on laisse Jean-Marie et Josiane filer de nuit à 25 km/h sur des patinettes aux roulettes format cookie, se faufiler entre des poids lourds, sans casque, sans gant, sans gilet réfléchissant et le tout sur des pavés détrempés. A moins d’être funambule à ses heures perdues, il ne faut pas être un grand devin pour deviner les catastrophes potentielles ! Le nombre d’accidents corporels impliquant un conducteur de trottinette électrique explose : VIAS avance 1305 accidents au cours des 9 premiers mois de 2022, mais ils sont dans la réalité, très certainement bien plus nombreux. 

Pourtant, il existe des règles

Face au ras-le-bol de la population et des riverains qui voient dans cette alternative « douce » à la voiture, un engin nettement plus dangereux que celle-ci, des mesures furent prises, notamment à Bruxelles. Pas plus de deux par trottinette, interdiction de rouler sur les trottoirs, vitesse limitée à 25 km/h (8 km/h dans le piétonnier) et pas avant 16 ans. Les règles, c’est bien, les respecter, c’est mieux ! Concernant la vitesse, « débrider sa trottinette électrique » est devenue l’une des requêtes les plus fréquentes sur Google. Sans rire ? Et le « pas avant 16 ans » semble aussi être largement bafoué : à moins que les ados paraissent nettement plus jeunes aujourd’hui qu’hier, il est clair que de nombreux gamins et gamines de 12 à 16 ans enfourchent ces engins de malheur.

Attention où vous mettez les pieds !

Et puis, il y a bien évidemment le stationnement sur les trottoirs, façon peaux de banane XXL et qui donne à Bruxelles un petit air de Sarajevo en 1992 : contrairement à la Wallonie qui interdit le stationnement dans certaines zones, à Bruxelles on vous demande simplement de « stationner votre trottinette côté rue (et pas côté façade) parallèlement au trottoir » et non devant « les passages piétons, les pistes cyclables et sur les marquages ». Là encore, le conseil ne semble pas être respecté à la lettre et c’est peu de le dire… Et puis, qu’est-ce que les utilisateurs risquent ? Les gros yeux de l’agent moustachu verbalisateur ? Un doigt réprobateur, peut-être ? Bref, aujourd’hui, marcher à Bruxelles nous rappelle la folle époque d’« Intervilles » … 

Et ailleurs ?

A Barcelone et à Montreal, cette anarchie à roulettes a été réglée : les trottinettes électriques en libre-service sont interdites. Même Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris, compte les interdire ! Au Portugal, Carlos Moedas, le maire de Lisbonne, est honnête sur le sujet : « aucune ville n'a une expérience heureuse avec les trottinettes. » Il compte ainsi diviser leur nombre par deux, réduire la vitesse maximale à 20, contre 25 km/h et dédier des parkings spécifiques pour ces trottinettes. Un exemple à suivre et auquel on rajoute un équipement de protection digne de ce nom !!!