Cette magnifique intelligence artificielle est tellement performante qu’elle réussirait mieux les examens de médecine et de droit que les étudiants, tout en bluffant les professeurs : ces derniers sont incapables de savoir si les dissertations sont écrites par la main de l’étudiant ou par les « 0 » et les « 1 » de l’ordinateur ! Pas besoin d’avoir fait de grandes études pour y voir une amorce de décadence : inutile de faire travailler ses méninges, d’analyser une tendance, de faire appel à sa mémoire, Chat GPT se charge de tout ! Evidemment, pour tirer le meilleur parti de l’outil, il faut savoir l’utiliser et lui poser les bonnes questions, sans quoi, vous obtiendrez une réponse aussi gnangnan qu’un discours de socialiste sur sa vision de l’économie en Wallonie. Vous l’aurez compris, le tout forme un cocktail idéal pour lobotomiser des cerveaux peu formés à ces outils et naturellement peu critiques face à leur environnement.

Le sommet de l’iceberg ?

Chat GPT n’a toutefois rien amorcé. Cela fait des années, voire des décennies que la numérisation à outrance finit par nous abrutir et ce, dans tous les domaines : des hôpitaux au secteur aérien, une panne informatique entraine rapidement des conséquences catastrophiques ! Le personnel étant aujourd’hui majoritairement formé avec les ordinateurs, c’est la panique lorsque ces derniers partent en grève…  Et n’allez pas croire non plus que le secteur du numérique est le seul coupable : quand ce n’est pas pour cause de trop grande complexité technologique (le fameux « touche pas à ça p’tit con, c’est trop compliqué, n’t’y comprendrais rien ! »), la déresponsabilisation et l’abrutissement de l’être humain a parfois des causes juridiques.

Un exemple tragico-comique ? 

Votre serviteur possède une vieille auto des années 60. Le mode d’emploi se résume en une trentaine de pages. On vous y explique comment démonter la culasse, roder les soupapes et régler le frein à main. A côté de ça, l’engin moderne et (trop ?) sophistiqué qui me sert au quotidien dispose de deux modes d’emploi, aussi épais que d’anciens bottins téléphoniques allemands. A son bord, à la moindre alerte, le mode d’emploi vous conseille d’aller voir le technicien. Ce dernier, armé d’un ordinateur, va se brancher sur l’auto et suivre les directives s’affichant sur l’écran pour réparer la panne. Oubliés, le sens de la déduction, le réglage du moteur à l’oreille, voire la réparation d’une pièce un peu usée par un petit coup de soudure. Aujourd’hui, c’est un ordinateur fabriqué en Chine qui vous demande de remplacer une pièce en plastique par une autre, fabriquée à Taïwan. Outre les conséquences sur l’environnement, la bienfaisante technologie éclipse toute une partie du savoir-faire !

Tout ceci nous amène donc à la question suivante : sommes-nous devenus plus cons ? La réponse est « oui ». Selon une étude publiée en 2018 par deux économistes norvégiens, nous perdrions jusqu’à 0,33 point de quotient intellectuel par an. Faites le calcul : dans 100 ans, les humains auront du mal à lacer leurs chaussures ; dans 200 ans, les vaches domineront les hommes et dans 300 ans, tout le monde votera écolo ! 

Moralité ? Non, je ne suis pas réfractaire à la technologie. Bien utilisée, elle constitue un progrès sidérant et peut faire de vrais miracles. A nous de fixer la limite, pour ne pas que les rôles s’inversent et que l’homme devienne l’outil de la machine… Je vous en fais la promesse, jamais un ordinateur ne décidera à ma place quoi penser et quoi écrire. J’ai trop d’estime pour vous.