Le 19 septembre, la sentence tombait avec fracas : Air Belgium cessait toute opération de transport de passagers après le 3 octobre 2023, abandonnant à leur sort 20.000 clients. Et le mépris pour ces clients dépasse tout simplement l’entendement ! En effet, le drame d'Air Belgium s'ancre dans sa politique de remboursement : les clients ayant réservé directement auprès d'Air Belgium ou via un intermédiaire se retrouvent dans une impasse, la compagnie étant techniquement toujours en activité. Il ne s’agit donc pas d’une faillite où les règles en la matière sont parfaitement encadrées ! Comprenez que certains clients devront attendre un an avant d’être remboursés, alors que certains d’entre eux ont dû trouver en catastrophe, et au prix fort, de nouveaux billets pour rejoindre leur destination. Un mépris flagrant pour le droit des passagers estime l’ECTAA (le groupement des unions nationales des agences et organisateurs de voyage de l’UE), qui rappelle « le règlement européen sur le droit des passagers (règlement 261/2004), qui stipule que les passagers ont droit à un remboursement dans les sept jours suivant l’annulation d’un vol », peut-on lire sur Tourmag. Quant aux clients qui ont réservé via des tour-opérateurs ou des agences de voyage, ils bénéficient d'une protection légale. Mais ce sont ces derniers qui trinquent, alors que la pandémie a laissé des trous béants dans leur trésorerie et que de nombreuses agences ne sont que de petites PME…

Wet Lease : poche gauche ou poche droite ?

Alors que les clients luttent pour obtenir justice, Air Belgium poursuit ses activités lucratives de wet lease, affrétant des avions pour d'autres compagnies. L’affront à l'éthique est flagrant, et le conflit d'intérêts est évident : comment une entreprise peut-elle continuer à prospérer dans un domaine, tout en laissant ses clients dans le désarroi le plus total ? 

Une facture salée laissée à l'Aéroport de Charleroi

Pour l'aéroport de Brussels South, Gosselies pour les intimes, le constat est effroyable : à l’annonce de l’arrivée d’Air Belgium, les gros avions furent accueillis avec faste, tambours et trompettes. Pour répondre aux exigences de la compagnie, l’aéroport a investi un demi-million d’euros dans la construction d'un salon VIP. Ajoutez à cela des frais de parkings impayés et vous avez une idée de l'ampleur du désastre financier. Mais le clou du spectacle, c’est l'allongement de la piste, d’un montant de 42 millions d’euros, accordé par l’exécutif wallon et donc, payé par le contribuable… Une Wallonie exsangue qui creuse sa dette en accordant des largesses à une entreprise rapidement disparue, voilà qui est loin d’être une première. Mais ça va plus loin…

Le clou du spectacle…

Mais le plus grave, et probablement le plus gros scandale, c’est le silence assourdissant des autorités wallonnes : la région wallonne et le Fonds Fédéral de Participation ont investi des millions d’euros dans la société (à hauteur de 15,7 millions d’euros, outre un prêt de 1,8 million et 3,5 millions en garantie pour la seule région wallonne !). Comprenez que la perte (qui s’élève au total à 92 millions d’euros), repose en partie sur le dos des Belges et plus particulièrement, des Wallons… 

Pourquoi les autorités n’ont-elles pas réagi quand la compagnie a cessé d’opérer à l’aéroport de Charleroi, en mars 2023 ? Pourquoi les clients sont-ils laissés à l’abandon par une entreprise détenue en partie par l’Etat et la Région wallonne ? Avec Air Belgium, il ne s’agit ni plus, ni moins, d’un scandale au plus haut niveau !

Nous connaissions le penchant de l’exécutif pour le gaspillage de notre argent dans des compagnies loufoques et dans des projets hautement foireux. Cette faillite déguisée va nettement plus loin : le silence complice des autorités indique au mieux une négligence et au pire, une complicité dans la gestion désastreuse d’Air Belgium. Les clients lésés seront nombreux à prendre part à l’audience du Tribunal de l’Entreprise de Nivelles qui aura lieu ce 26 janvier à 9 heures, afin de réclamer le prononcé de la “faillite frauduleuse” d’Air Belgium. Ils réclament en outre “les arrestations immédiates des administrateurs et malfaiteurs associés”... En ce compris, espérons-le (on peut toujours rêver…) l’état et la région wallonne, qui devront répondre de leur rôle dans cette débâcle financière et éthique.