En décembre 2022, l’appel à projets « Tiers-lieux ruraux », lancé par le Gouvernement de Wallonie au mois de juillet de la même année – sur proposition de la Ministre de la Ruralité Céline Tellier, en collaboration avec le Ministre de la Mobilité Philippe Henry – livre ses résultats : 23 projets sont validés par le Gouvernement afin de soutenir la relocalisation des services en zone rurale via le déploiement de lieux de cocréation, pour un budget total de 12 millions d’euros. « Une première en Wallonie ! », précise le communiqué de presse. C’est en effet la première fois qu’un soutien public est octroyé à ces espaces en région wallone. La liste des projets lauréats et les montants y sont précisés.

Du potage et encore du potage

L'appel à projets décrit un tiers-lieu rural en (trop) de mots : « Il ne s'agit pas de financer des espaces monofonctionnels ». Le tiers-lieu wallon n'est pas un centre d'affaires, ni une bibliothèque, ni une maison des associations, ni un café, ni une maison des jeunes ou pour des aînés, ni un centre sportif, ni un espace de coworking. Bref : le concept : être et ne pas être dans une seule et même organisation... Pour peu qu'elle soit « occupée » écologiquement. En résumé, vive la soupe paysanne dans le chaudron pour rentrer dans les conditions d’octroi !

L'asbl Chez Bibi, par exemple, une sorte de café de chaman écoféministe avec un potager accessible à deux pas de chez le ministre a reçu 250.000 euros de subventions. Une autre organisation à but non lucratif se présente comme animatrice des « écosystèmes nourriciers régénératifs ». Kezaco ? Une ferme biologique avec un magasin à la ferme. Bon pour environ 450.000 euros de subventions.

Mais il y en a encore mieux. Ainsi, un haut fonctionnaire qui faisait partie du jury pour l'attribution des subventions s'est également avéré être directeur d'une coopérative verte. En plus d'être bénéficiaire direct de diverses subventions, cette coopérative est également bénéficiaire indirecte de ces subventions par l'intermédiaire d'une autre Asbl. Et la cerise sur le gâteau, c'est que Tellier elle-même a été la fondatrice d'une des organisations à but non lucratif subventionnées.

A la faveur d’une propagande verte

Ces tiers-lieux wallons ne sont pas sortis de nulle part. Ils existent en France depuis des années déjà. C'est comme une version grand public des communes hippies des années 70. Très apprécié des citadins bobos de la gauche verte qui souhaitent passer un semblant de journée à la campagne, avec en prime une boisson bio écologiquement responsable pour arroser l’instant.

La ministre Tellier a donc, comme cela arrive souvent en Wallonie, copié l'exemple français et servi ses partisans : distribuer des subventions « facultatives » - ce qui signifie que la ministre n'est pas tenue par des décrets de distribuer ces subventions - à l’avantage de ses rangs. Concernant le retour sur investissement, il est plus que nébuleux. Là où certains projets prétendent créer des dizaines emplois, il semble qu'ils créent surtout, et avant tout du lien social à la faveur d'une propagande verte !