« La reconstruction de l’Argentine commence aujourd’hui », a déclaré dimanche soir Javier Milei dans son premier discours de président élu. C’est un fait à présent établi. Les Argentins ne veulent plus des politiques socialistes qui ont ruiné le pays. Pour rappel, le pays est pathologiquement endetté. Le taux d’inflation annuel en Argentine est de 180% et 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Javier Milei a donc fait campagne contre le « socialisme de connivence » ardemment pratiqué par les époux Nestor et Cristina Kirchner, présidents du pays, tour à tour, entre 2003 et 2015. Ils ont mis la main sur les institutions du pays, ils ont politisé le système judiciaire et détruit les droits de propriété. Ils ont mis fin à l’indépendance de la Banque centrale et ont muselé la presse. Le couple présidentiel sera aussi inculpé pour corruption, ce qui mettra un terme à leur carrière politique.

Un programme qui fait recette

Les propositions de J. Milei sont à l’opposé de tout cela. Il veut restaurer l’État de droit et les libertés individuelles. Il souhaite garantir le droit de propriété. Il annonce une diminution drastique des impôts et une libéralisation totale l’économie. Il veut mettre fin à l’étatisme, supprimer les subventions aux services publics (une des principales causes du déficit budgétaire argentin) et encourager les privatisations. Il a aussi promis d’abandonner le peso au profit du dollar américain et de « dynamiter » la banque centrale argentine. Fini la planche à billets ! En bon libéral, son programme se concentre donc principalement sur des propositions économiques. 

Un populiste ? 

La catégorisation de J. Milei en tant que « populiste d'extrême droite » par certains analystes apparaît fallacieuse. On en cherche à tout le moins les fondements. Il n'est ni protectionniste (au contraire, il est pour l'abolition totale des droits de douane), ni xénophobe (il ne s'oppose pas à l'immigration tant qu'elle demeure économique et non subventionnée). Il ne s'oppose pas aux droits individuels des LGBTQ+ et n'adopte pas de positionnement pro-religion. Et contrairement au socialisme et au populisme, il ne fait pas de promesses insensées. Il demande tout simplement aux individus d’être responsables et aux acteurs de l’économie de produire des richesses. Petite piqure de rappel, la classe ouvrière a déjà précédemment historiquement largement voté pour des leaders libéraux, dont Margaret Thatcher en Grande-Bretagne et Ronald Reagan aux États-Unis, pour ne citer qu’eux. 

Une zone grise

Pour le moment, seule ombre au tableau. J. Milei a un passé qui l'associe à l'une des périodes les plus sombres de la politique argentine. Il a travaillé comme conseiller pour Antonio Domingo Bussi. A l’époque, il siégeait au Congrès national. Or, l’ancien général a été condamné en 2008 à la perpétuité pour crimes contre l'humanité, violation de domicile, privation arbitraire de liberté, tortures réitérées, homicides aggravés, disparitions forcées dans des camps clandestins et génocide. Il est mort en prison en 2011. Lorsque le lien a été connu, en 2021, en pleine campagne, J. Milei ne s’est pas démonté. Il a affirmé ne pas regretter d’avoir travaillé pour un meurtrier et a retaclé qu'il l'avait fait pour quelqu'un qui avait été élu démocratiquement.

Reste aussi à savoir si les prises de position conservatrices de J. Milei, à l'encontre de l'avortement notamment, ne sont qu'un leurre visant à attirer des voix ou le signe d'une vraie proximité auprès d’un certain électorat.

Toujours est-il qu’en ce début de mandat, le changement se veut extrême. C’est une belle claque donnée à la gauche. La messe de la « grande peur électorale » est dite ! Exit les politiques de complaisance attrape voix. C'est ce dont la Wallonie aurait aussi grandement besoin…