Une politique de prise d’otages

Si la justice a fait son œuvre en toute indépendance en condamnant le terroriste Assadolah Assadi, la justesse ne semble pas au rendez-vous politique. Depuis le verdict prononcé en 2021, les autorités iraniennes n’ont cessé de mettre la pression sur la Belgique pour tenter d’obtenir la libération de leur agent. C’est oublier que notre pays est un Etat de droit dont il brandit régulièrement le drapeau. Pour céder à la demande, sans en altérer les couleurs sur la scène internationale, il fallait donc emballer l’accord dans un traité de transfèrement, scellant ainsi une forme de compromission douteuse.

Et pourtant, la pratique de la prise d’otages en Iran pour s’assurer un « stock » de ressortissants étrangers aux fins d’échanges est bien connue. Depuis plus de dix ans, ce sont une cinquantaine d’étrangers et de binationaux qui y ont été arrêtés. Téhéran détient actuellement dans ses prisons une douzaine de ressortissants européens binationaux, dont l'un est l'universitaire irano-suédois Ahmedreza Djalali, professeur à la VUB. Ce dernier a été condamné à mort pour espionnage et l'Iran a mis la pression en mai en annonçant que son exécution était imminente. Un touriste français, Benjamin Brière, vient également de voir sa condamnation à huit ans et 8 mois de prison pour « espionnage au service d’un Etat ennemi » confirmée.

Une prise de risque sécuritaire

Dans ce contexte, jouer le jeu politique de la prise d’otages conforte les preneurs d’otages dans leur stratégie couperet. Et en accepter une fois le principe, c’est se soumettre toujours. Déjà en 2012, le sous-secrétaire d’Etat américain au terrorisme, David Cohen, déclarait à propos des prises d’otages : « payer des rançons amène à de nouveaux kidnappings et de nouveaux kidnappings amènent à payer de nouvelles rançons. Nous devons trouver le moyen de briser ce cercle. Refuser de payer est le meilleur moyen de briser ce cercle. C’est de l’ordre du non-négociable. » 

Le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI) met donc en garde le gouvernement belge contre le risque d’échanger le chef du renseignement iranien en Europe, Assadolah Assadi, condamné par le tribunal correctionnel d’Anvers, en 2021, à vingt ans de prison pour la préparation d’un attentat terroriste. Il n'y a pas de garantie que sa peine sera exécutée en Iran. Au contraire, le risque est grand que l’individu soit gracié par Téhéran et qu’il fomente de nouvelles actions.

Face à cette réalité, peut-on ainsi prendre un risque sécuritaire collectif en remettant des terroristes à l’Iran pour libérer des vies humaines retenues illégalement ? Aussi dur qu’apparaît le dilemme, si l’on s’en tient à l’efficacité, la meilleure des politiques est celle qui fait primer l’intérêt général de la cité. Non pas en méprisant la morale instillant qu’il convient de ne pas abandonner nos nationaux livrés à leur sort en Iran, mais en entendant par « meilleur », ce qui est le plus juste, en dépit des apparences, entre deux intérêts en présence.