C’est ce qui ressort d’un passage très frappant du livre que l’homme d’affaires néerlandais Salar Azimi - connu pour sa participation à l’émission de téléréalité The Sky Is The Limit en Flandre - a récemment publié. Les images et les vidéos, que nos confrères flamands ont pu consulter, confirment ses dires. Elles montrent l'ancien ministre de la Justice, en exercice à l'époque, discuter avec une quinzaine de personnes dans une cuisine. Des images le montrent aussi sur une piste de danse. Une trentaine de personnes font la fête. Les règles en vigueur à ce moment-là interdisaient des rassemblements de plus de huit personnes à l'intérieur. Et Van Quickenborne était censé être le garant du respect de ces mesures en tant que ministre de la Justice.

Les récalcitrants mis à l’index

Interdiction de déplacements jugés non essentiels, interdiction de rassemblements, obligation du port du masque dans la plupart des lieux publics, obligation de respecter une "bulle" restreinte de proches, durant la pandémie, Van Quickenborne s’est montré à plusieurs reprises implacable à l’égard des récalcitrants considérés comme « antisociaux, égoïstes et sans sens des normes ». Si les Belges ne respectaient pas ces mesures, ils risquaient des poursuites pénales. Le ministre en fonction ira même jusqu’à qualifier plusieurs fois, par voie de presse, de « comportement criminel » les fêtes au cours desquelles les mesures corona étaient bafouées. Il souhaitait, partant, que l’amende de 250 euros pour de telles infractions soit payée immédiatement. « Si certaines personnes ne veulent rien entendre, il faut qu’ils le sentent autrement », précisera-t-il

Zéro amende

Au total, de mars 2020 à juin 2021, plus de 240.000 dossiers de prévenus impliqués dans des infractions aux mesures Covid ont été ouverts au niveau des différents parquets du pays. A juste titre, vous vous demanderez dès lors combien d’euros d’amende Van Quickenborne risque-t-il ? La réponse est : zéro. Parce que le ministère de la Justice ne veut pas enquêter sur les faits. Moins de 24 heures après ces révélations, le parquet a annoncé qu'il ne pouvait plus être vérifié si les allégations étaient exactes, rapporte Het Laatste Nieuws. C’est « déconcertant », écrit le journaliste d'investigation Jeroen Bossaert : « En 2021, les citoyens qui ont enfreint les règles du coronavirus ont été sévèrement traités par le ministère de la Justice, mais en 2023, le ministère de la Justice détournera le regard lorsqu'un ancien ministre semble avoir fait de même ».

La morale de l’histoire ? « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », nous rappelle Jean de La Fontaine (Les Animaux malades de la Peste).