S'il est aujourd'hui secrétaire d'Etat à la relance économique au gouvernement fédéral, Thomas Dermine (PS), inconnu au bataillon à l’époque, est sollicité six mois après la fermeture de Caterpillar par le gouvernement wallon - et son ministre-président Paul Magnette - pour piloter un plan de relance à l'échelle de Charleroi. Ce plan s'appellera « Catch » pour « Catalysts for Charleroi », soit « Catalyseur pour Charleroi ». L’objectif : créer 10.000 emplois pour compenser la fermeture du site. Le plan vise 15 chantiers et une cinquantaine de projets « dans l’objectif de créer 6.000 à 8.000 emplois en dix ans mais avec des premiers effets concrets dès 3 ou 4 ans ».

Le « Catch » à sept

Thomas Dermine coordonne alors un groupe installé en mode « start-up » censé stimuler des projets économiques répartis dans quatre secteurs d'avenir pour développer l'emploi à Charleroi. Les quatre secteurs-clés définis sont : l'industrie de pointe, le transport et la logistique, la biotechnologie et la santé, et le digital. L'équipe des 6 start-uppeurs doit s'atteler à « lever les freins à la croissance de ces secteurs ».

L'objectif chiffré exact est annoncé le 31 mars 2017 au cours d'une conférence de presse. Catch ambitionne de créer 6000 à 8000 emplois directs (courbe moyennement rouge) et 2000 à 4000 emplois indirects (courbe la plus rouge) en plus que les 125.000 emplois prévus dans scénario précédent en 2025.  Le but est d'arriver à 135.000 emplois en 2025, c'est 8000 de plus qu'en 2015 ou 10.000 de plus qu'en 2025 sans Catch. Dans une présentation PowerPoint faite par Thomas Dermine en 2019, on retrouve l'objectif chiffré d'emplois et l'explication de ce calcul.

Copyright : Capture d’écran PowerPoint Catch 2019

On marche sur des œufs

En septembre 2020, l'équipe de Thomas Dermine cède le flambeau à Sambrinvest. Le mandat de la cellule « Catch » prend fin comme prévu après trois ans, et un premier bilan est tiré. Interrogé le 17 septembre par la télévision TéléSambre, celui qui sera quelques semaines plus tard secrétaire d'Etat à la Relance du gouvernement De Croo, indique que « 4000 emplois ont été créés d'après les calculs de l'équipe de Catch ». Mais il tempère :  « C'est toujours difficile de dire qu'un emploi a été créé grâce au Plan Catch. Un emploi est d'abord le fruit de l'entrepreneur qui le crée, de l'entreprise qui porte le projet. Est-ce que si le secteur se développe, c’est le résultat de votre action ou le résultat de la conjoncture macro-économique qui est bonne ? ». On est donc déjà dans un semi-aveu d’échec. 

Poussons l’analyse

Au niveau national, entre 2017 et fin 2022, la création nette d'emplois s'est élevée à 332.400 unités (dont 82.500 indépendants). La population belge étant, en 2022, de 11.569.034 personnes, l'entité de Charleroi Métropole représente 5,18% de la population belge En conséquence, la juste part que doit prendre naturellement Charleroi Métropole dans la croissance nationale est de 17.218 emplois.

Le plan Catch en tant qu'adjuvant et stimulant complémentaire aurait dû conduire à créer 10.000 emplois supplémentaires en se superposant à la création d'emplois naturelle nationale.

Si le plan Catch avait performé, il aurait fallu, outre les 17.000 emplois résultant de la création naturelle d’emplois, 10.000 emplois directs et indirect en plus, dans les 4 secteurs-clés prédéfinis, soit 27.000 emplois nets supplémentaires.

Avec une croissance de 10.000 emplois entre 2015 et 2023, Catch loupe doublement sa cible : il loupe 42% des emplois qui lui reviennent par la seule croissance économique d’emplois nationale, et ne crée que 10.000 emplois là où il était raisonnable d'en attendre 27.000. 

Catch ne réussit qu'à 37% de l'objectif.

Que des inconnues et beaucoup d’amateurisme

En outre, rien n'indique que ces emplois ont été créés dans les 4 filières spécialement visée par Catch. Et rien n'indique non plus que ces 10.000 emplois n'auraient pas été créés sans Catch. On peut, en effet, s’interroger sur le fait que ces emplois atteints l’ont été grâce à la mise en place des cellules de reconversion à la suite de la fermeture de Caterpillar, mais aussi du fait de la reprise économique d'après Covid qui est, non pas carolo, mais nationale, voire mondiale.

Une autre particularité est qu’il n’y a pas eu de commandes fermes pour le Plan Catch. C’est une série de production d’idées, de réflexions, de projections, typique du fonctionnement des start-ups. « Le Plan Catch prendra corps à travers une série de projets amenés par des chefs d’entreprises », peut-on lire dans la présentation faite en 2017. Mais encore ? Les aspects concrets étaient à tout le moins peu perceptibles et franchement peu lisibles. Et la suite, on la connaît. C’est un gros raté !

Le PS ne sauvera décidément pas la Wallonie 

Nombre de plans de relance ont été échafaudés pour la Wallonie depuis 2005, alors que le PS a été la principale formation à la tête du gouvernement wallon ces vingt dernières années. La Région accuse aujourd’hui une dette de 37,5 milliards d’euros, un montant qui représente deux fois ses recettes annuelles. Pourquoi un tel saignement ?

Le mal wallon, c’est avant tout une gauche doctrinaire qui se méfie de l’entreprise privée. Et pourtant, ce ne sont pas les services publics qui créent de la richesse, mais les entreprises. Le coût exorbitant des gares de Liège et de Mons, la luxueuse Maison des Parlementaires à Namur sont autant d’éléments qui viennent corroborer le constat. Tout cela aux frais du contribuable !

Le mal socialiste se caractérise par un immobilisme politique, une réticence aux changements et un clientélisme effréné. Le narratif du « régionalisme wallon » est en déliquescence. « Le PS solide et solidaire ? ». Le slogan de campagne rate sa cible. Il ne sauvera pas la région !