En 2035, les voitures neuves dotées d’un moteur thermique seront tout simplement interdites en Europe. L’Union Européenne veut ainsi marquer un grand coup et montrer au reste du monde qu’elle les devance d’un point de vue écologique ! Rien que ça ! C’est sympa de jouer les premiers de classe (surtout quand de nombreux états dans le monde n’en ont rien à cirer…), mais encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions ! Et entre l’avenir incertain du nucléaire, les nombreuses centrales à charbon et au gaz des pays de l’Est, ainsi que le réseau vétuste, les épines sont nombreuses dans les pieds du projet… 

Et puis, il y a bien sûr le problème de l’infrastructure : pour rendre cette utopie possible, l’Europe des 27 doit compter au (très grand) minimum 3,4 millions de points de recharge, rapporte le cabinet McKinsey, soit un investissement global de 240 milliards d’euros ! Demandez à ceux qui roulent en véhicule électrique aujourd’hui : partir en vacances rappelle l’époque des pionniers de l’automobile. On sait quand on part, pas quand on arrive ! L’autonomie fond comme neige au soleil sur autoroute par temps froid et/ou si remorque il y a, les bornes de recharge publiques ne sont pas toujours bien renseignées, en état de fonctionner ou compréhensibles (quelle carte ? quel abonnement ?). Et quand tout fonctionne, c’est généralement la file, à faire passer les soldes chez Traffic pour une balade en pleine forêt, un mardi en décembre ! Ben oui, faire le plein d’électrons demande un très grand minimum de 20 minutes, contre 3 ou 4 pour un plein d’essence ou de diesel…

Même les constructeurs sont sceptiques !

Et puis, il y aura certainement le retour de flamme, si l’on peut dire : une fois les accises sur les carburants disparues, comment les gouvernements vont-ils remplir leurs caisses ? En taxant ces véhicules électriques déjà hors de prix ? En rehaussant le prix d’une électricité qui se négocie déjà au prix du caviar chez Harrods ? Bref, il ne faut pas avoir fait Solvay pour comprendre que cette affaire, elle ne s’annonce pas folichonne… Même de nombreux constructeurs automobiles avouent à demi-mot ne pas être très confiants : Akio Toyoda, qui n’est autre que le big boss du plus grand constructeur automobile, est connu pour ses sorties anti-voiture électrique. Il a encore récemment rappelé que « de nombreux spécialistes de l’automobile se demandent si les voitures électriques sont la seule réponse pour l’avenir de l’industrie ». Poser la question, c’est déjà y répondre. Hélas, depuis le scandale du Dieselgate (l’affaire des moteurs diesel aux émissions truquées, impliquant notamment le groupe VW), l’Europe fait la sourde oreille aux réclamations des constructeurs, toutes fondées soient-elles…

De grosses piles à roulettes

Il n’est pas étonnant dès lors, que certaines parties du monde voient d’un mauvais œil l’arrivée massive de grosses piles à roulettes ! Aux USA notamment, l’État du Wyoming vient de déposer une proposition de loi visant à interdire, d’ici 2035, les voitures électriques ! Soit, exactement quand l’Europe et la… Californie opéreront leur grand saut dans le vide ! Pour se justifier, les Républicains à la tête de ce petit Etat pointent les industries minières et pétrolières locales qui pourraient évidemment souffrir d’un passage à la voiture électrique, ainsi que le manque d’infrastructure de recharge… D’autres états, comme le Tennessee, rapporte le site Gocar, envisagent également de taxer plus lourdement les voitures électriques, pour compenser le manque de recette. Souvent raillés par les Européens, les Républicains pourraient bien être les seuls à n’éprouver aucune difficulté pour partir en vacances ou pour chercher leur pain, à l’horizon 2035 !