« J'avais 13 ans, ma sœur 8… Un matin, on nous a réveillées tôt, quatre femmes sont arrivées. L’une d’entre elles a mis de l’eau à chauffer, une autre s’est jetée sur moi, m’a attrapé les deux bras et m’a attirée vers les toilettes. Elle m’a plaquée au sol et est restée à cheval sur ma poitrine pendant que deux autres me tenaient les pieds. La quatrième m’a écarté les jambes, je n’ai pas vu le couteau arriver mais j’ai senti la douleur m’arracher le ventre et j’ai hurlé et puis le sang, beaucoup de sang… Et pourtant, il ne fallait pas pleurer, ils disent que c’est la honte quand on pleure ! Je suis sortie sonnée … Nooon ! S’il vous plaît, pas ma petite sœur ! ». 

Plus de 12.000 jeunes femmes à risque 

Tout comme celui livré par Kadhou M., excision, clitoridectomie ou infibulation, les témoignages sont légion. Le but : sous couvert « culturel », priver les femmes de plaisir par un acte barbare et sans le moindre respect des règles d’hygiène. Résultat : Les plus « chanceuses » souffriront toute leur vie de maux de ventre et de douleurs intenses à chaque rapport sexuel. Pour les autres, elles attraperont, au cours de ce rituel, le tétanos, le sida ou deviendront stériles, et parfois, l'hémorragie sera si importante, qu'elles y trouveront la mort.

Selon la dernière étude de prévalence (2022) du GAMS, au 31 décembre 2020, 93.685 filles et femmes originaires d’un pays où se pratiquent les mutilations génitales féminines résidaient en Belgique. Parmi elles, 35.459 sont concernées par les mutilations génitales féminines (soit déjà excisées, soit à risque) dont 12.730 mineures (moins de 18 ans). Dans l’hypothèse moyenne, 23.395 filles et femmes excisées vivent en Belgique et 12. 064 sont à risque d’excision si aucun travail de prévention n’est effectué.

L’augmentation de la population concernée par les MGF s’explique par l’accueil entre 2016 et 2020 de primo-arrivantes issues des pays concernés par les MGF (1ère génération) et par les naissances au sein des communautés concernées (2ième génération). Bruxelles-Capitale, la province d’Anvers et la province de Liège restent les zones géographiques qui accueillent le plus de filles et femmes concernées.

Plus de 16.500 filles et femmes excisées ou à risque vivent en Région Flamande contre 10. 000 en Région Bruxelles-Capitale et 8 800 en Région Wallonne. La Guinée, la Somalie, l’Egypte, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire sont les cinq pays les plus représentés au sein de la population féminine concernée en Belgique.

Une reconstruction chirurgicale, mais pas seulement

Comme Kadhou M., certaines de ces jeunes femmes franchissent le pas : elles consultent l’un des deux centres multidisciplinaires hospitaliers belges, qu’il s’agisse du centre CeMAVIE au CHU Saint-Pierre à Bruxelles ou de la VrouwenKliniek à l’UZGent. Ces deux centres sont accrédités par l’INAMI et permettent d’offrir des soins médicaux, chirurgicaux, sexologiques et psychologiques complètement remboursés par la mutuelle, y compris la reconstruction du clitoris.

La demande principale des patientes qui poussent la porte, c’est la reconstruction du clitoris, mais aussi un accompagnement psychologique. La prise en charge proposée est multidisciplinaire car si la chirurgie règle la question anatomique, tous les autres aspects, psychiques et sexologiques, doivent également être traités.

Ce que dit la loi

Il est bon de rappeler que l’excision est un acte pénalement répréhensible. Circonstance aggravante si elle est pratiquée sur une mineure d’âge, parents et exciseurs sont passibles d’une peine de 5 à 7 ans de réclusion. Toute personne, médecin ou simple citoyen, ayant connaissance d'une enfant à risque, a l’obligation de signaler la fillette en danger en appelant le n°101 (police) ou le n°112 (numéro d'appel d'urgence européen).

Plus d’infos sur : http://campagne-excision.gams.be/