Déjà, il y a le quotidien des navetteurs et votre serviteur peut en parler puisqu’il en fait partie. Commençons par le confort de train : si certaines rames sont effectivement modernes, confortables et propres, d’autres le sont nettement moins. Clim’ ? Connaît pas. En hiver, passe encore, mais par les fortes chaleurs d’été, le wagon se transforme en étuve bruyante (avec ces fenêtres entrouvertes pour tenter d’y grappiller quelques grammes d’oxygène frais) et odorante, les souvenirs d’une douche ou d’un coup de déo étant parfois assez lointains pour quelques-uns des passagers… 

Une offre bancale

A ce scénario déjà fort appétissant, rajoutez la divine impression d’être un saumon emprisonné dans une boîte à sardine : ces derniers temps, on va dire sur les 3 derniers mois, l’annonce de l’arrivée d’un train est irrémédiablement suivie d’un « sera composé de 5 voitures au lieu de 9 ». Déjà que c’était calculé juste à la base, si on rajoute la crise du logement, le fumet et la moiteur, par certaines soirées d’été, on se demande si le comité de direction de la SNCB n’a pas également prévu un soirée SM, une fois arrivés… Cerise sur le gâteau, poussez le bouchon jusqu’à aller à la gare à vélo et vous avez la quasi-certitude de passer du statut de cycliste à l’aller au statut de piéton au retour.

Et puis il y a les habituels retards. Honnêtement, pour ma part, ce n’est jamais grand-chose, mais c’est continuel. 5 minutes par-ci, 10 minutes par-là, parfois 15 ou 20 minutes. Avec comme excuse « sorry, y a du monde devant, ça bouchonne ». Pour nos compatriotes ayant une correspondance, ce genre de retard a évidemment un effet boule de neige franchement horripilant. Et la situation n’a pas l’air de s’arranger puisque l’année passée, le taux de ponctualité est repassé sous la barre des 90%... Bon à savoir, en Belgique, un train est considéré comme ponctuel s’il accuse moins de 6 minutes de retard. 

Jusqu’à 9% de hausse

Le pire de l’histoire, c’est que le train, ça se paye cher et vilain. Envisager un aller-retour Bruxelles-Namur en train pour une famille de 4, c’est jouer la carte de la bobo attitude, tant le prix du carburant et du parking sont bien inférieurs à l’offre SNCB. Et cela ne s’arrange pas avec les années : si ECOLO et PS prônent pour des transports publics toujours moins onéreux, pour ne pas dire gratuits, la SNCB vient d’annoncer une hausse des tarifs pouvant chatouiller les 9 % dans le cas de certains abonnements. Cherchez l’erreur. « Les imbéciles, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît », martelait l’inoubliable Lino Ventura dans le cultissime « Les Tontons Flingueurs ». Pas sûr non plus que l’idée du ministre Gilkinet d’imposer un malus à la SNCB si cette dernière ne tient pas ses promesses en matière de performances, nous garantisse un service 5 étoiles à l’avenir, où il est question de transporter 30% de personnes en plus d’ici 10 ans.

Et pourtant… J’adore le train. Pas d’embarquement chronophage comme pour l’avion, confort de la rame, relative sécurité, écologiquement responsable, possibilité de travailler : dans l’absolu, le train est un excellent moyen de transport. Un moyen de transport superbement exploité dans certains pays comme le Japon, où un train qui n’est pas ponctuel est un train qui a 30 secondes de retard, où le confort des voitures est total, où le service ne mérite que des éloges et où le réseau est si vaste et étendu qu’il se substitue confortablement à la voiture. Là, ça marche. Ici, en comparaison, nous avons 30 ans de retard. Les raisons sont infinies, bien sûr. Mais lorsque l’on a un tel objectif environnemental, la carotte marche toujours mieux que le bâton. Et rendre le train attractif, donner envie aux gens de le prendre, marchera toujours mieux que de les dissuader de prendre la voiture.