Oh bien sûr, le bourgmestre a beau jeu de rappeler que l’Atomium a connu son lot de misères avec l’exploitation de sa « boule restaurant » ou confirmer qu’il a beaucoup discuté avec les responsables de la Cité du Vin (Bordeaux) qui ne lui ont pas caché qu’ils avaient changé trois fois de partenaires Horeca. Mais le fait est là : aucun acteur économique privé ne s’est senti l’envie de répondre au cahier des charges écolo-socialiste pour un bar qui, dans n’importe quelle autre ville, serait courtisé par des dizaines d’exploitants potentiels. Comme dit Bianca Debaets (CD&V), « ailleurs on entendrait le privé tambouriner à la porte pour obtenir une telle opportunité ». 

Madame Café est servie

Résultat : Close crée « sa » filiale Horeca, une société anonyme à 100% dans les mains de la Régie Communale Autonome, le nouveau machin économique créé par lui-même et détenu par la Ville. Son nom ? Madame Café ! L’époque est woke ou elle n’est point et si notre bourgmestre de choc possédait déjà dans son petit Monopoly politique des salles de spectacle, il aura désormais son bar. Décidément, cet homme-lige aurait dû être entrepreneur…

Les copains d'abord !

Vent debout lors du conseil communal du 13 février dernier, toute l’opposition, Flamands en tête, se sont succédé pour désapprouver la majorité, exiger les noms des personnes choisies par la ville et qui seront impliquées dans le fameux bar ou, à tout le moins, exprimer leur incompréhension face à cette décision d’investir l’argent public dans un projet réservé, promis juré, au privé. Comme le déclare Els Ampe (Open Vld) dans 7sur7 (14/2), « la ville de Bruxelles est une incorrigible machine à mandats pour les amis politiques » mais... aucun nom ne fuite et la majorité se tait dans toutes les langues. Question de temps.

MR comme lama :  fâché !

Côté MR, Coomans de Brachène voudrait bien que la ville laisse au privé ce qu’il sait faire le mieux et critique un « mauvais cahier des charges qui n’a pu attirer qu’un mauvais candidat. » Mais Close n’en démord pas, l’exploitation du bar, ça le titille, on le sent bien. D’ailleurs, il a « demandé conseil (à titre gratuit s’empresse-t-il d’ajouter) à la Maison des Brasseurs » et il entend bien prouver ainsi que la ville n’allait pas faire n’importe quoi.

A ce propos, pour avoir une idée de la qualité du service public dans l’Horeca, il suffit de voir comment a été exploité le restaurant du « cinéma des Frères Dardenne » alias le Palace : horaires d’ouverture (et de fermeture) en dépit du bon sens, récupération d’heures supplémentaires tous azimuts, personnel peu affable, nourriture passable, carte lunaire... Oui mais, ça c’était un projet de la région ! Soit. 

Bruxelles, modèle étatico-mmercial

Sûr que la ville s’en sortira mieux ! Il suffit de voir comment sont traités les clients à la sortie du Palais 12 avec des boutiques obligées de fermer leurs portes au moment même où la clientèle est prête à débourser pour comprendre que le fonctionnariat commercial est un véritable concept d’avenir.

Vous voulez un autre exemple des aptitudes commerçantes de la ville ? Les "shops" de n’importe quel musée bruxellois feraient honte à quiconque a un jour eu l’occasion de faire du shopping en Allemagne de l’Est : catalogue famélique, réassortiment sporadique, personnel en sous-effectif, si pas totalement absent, souvent revêche, parfois incompétent, voire les deux les jours de chance.

Les pompes à millions

Seconde (après Brucity) et dernière grande inauguration de Close et son équipe écolo-progressiste, le Temple de la Bière bâti à coups de dizaines de millions sur les vestiges capitalistes de la Bourse de Bruxelles, devrait ouvrir ses portes encore cette année. Dans ce projet, des cracs et des couacs, il y en eut déjà beaucoup. Ne manquent que les cracs, boums, hues de l’inauguration qui ne manqueront pas de se produire pour illustrer la décadente image d’une ville qui se voulût un jour capitale de l’Europe et de la Bière.

En passant derrière les pompes, Close ne fait qu’allonger la liste des reproches que l’opposition se fera un plaisir de lui rappeler lors des prochaines élections.