Le maintien espéré de Doel 4 et Tihange 3 permettrait de conserver 2,047 GW qui produisent 16,5 TWh. Si les 31,4 TWh de capacité nucléaire restants devaient être produits par du gaz, il faudrait 12 nouvelles centrales au gaz de 750 MW, conduisant à des émissions totales atteignant (27,1 Mt CO₂) presque le double de leurs émissions actuelles. 

Des voitures électriques sans nucléaires ?

En ce qui concerne les voitures électriques, on peut calculer que le besoin à la roue pour une voiture à essence est de 157 Wh/km et pour les diesels de 148 Wh/km. Si l’on venait à transformer la moitié du parc automobile thermique en électrique, il faudrait 13 TWh à la batterie pour un parcours moyen des voitures à essence de 15 000 km et 22 000 km/an pour les diesels. Cela représente 13 % de la production actuelle d’électricité. Si cette demande devait être satisfaite par les centrales nucléaires, il faudrait 1,6 GW supplémentaire qui émettraient 150 kt CO₂. Si elle devait être satisfaite par les centrales au gaz, il faudrait ajouter 4 GW qui émettrait 6400 kt CO₂, 43 fois plus que pour les centrales nucléaires.

Si le gouvernement persiste dans sa sortie du nucléaire, le remplacement par des centrales au gaz nécessiterait la construction de vingt nouvelles centrales de 750 MW et conduirait à une émission totale des centrales à gaz triple de leurs émissions de CO₂ actuelles. Si en plus la moitié du parc automobile était occupé par des voitures électriques, il en faudrait 5 de plus et le total des émissions de CO₂ par les centrales au gaz serait presque 4 fois leurs émissions actuelles. Les émissions supplémentaires de CO₂ dues à une telle politique conjointe représentent 2 fois les émissions totales de CO₂ en Belgique en 2021.

Une politique suicidaire

Mais tout cela n’empêche pas nos dirigeants de fermer Tihange 2 réduisant du même coup la puissance nucléaire disponible de 5 (Doel 3 est fermée) à 4 GW et contribuant à accroitre les émissions de CO₂ via les centrales au gaz qui devront suppléer l’intermittence des EnRI-NP. La politique actuelle de notre gouvernement est donc clairement inadmissible et suicidaire au vu de la crise énergétique actuelle. Mais elle l’est aussi pour les générations futures, car il est plus qu’urgent non seulement de conserver les centrales nucléaires actuelles, mais aussi d’entreprendre la construction de centrales nucléaires nouvelles pour prévenir les besoins énergétiques futurs.

Citoyens, vous qui manifestez en faveur du climat, il est temps de brandir des pancartes qui réclament d’épargner notre électricité nucléaire et ce, afin de sauver le climat, mais aussi de réduire notre facture énergétique.

André Berger - Professeur et climatologue belge