Toutes les activités commerciales sont à présent concernées. Sont proposés à la vente des boissons sans éthanol, des bonbons sans gélatine de porc et même des produits régionaux, tel que le sirop de Liège, produit à Aubel, qui porte le label « halal » de façon plutôt surprenante. Mais ce n’est pas tout, si l’on peut se nourrir « halal », on peut aussi se maquiller, se financer et même voyager « halal ». Le marché connaît une forte hybridation avec une multiplication d'offres de services. Transfert d'argent, téléphonie, banques et assurances la philosophie proposée y est adaptée aux personnes de confession musulmane. En témoigne aussi le site Halalbooking : les sites hôteliers ne servent pas d'alcool, ont des piscines, zones de loisirs et spa séparés pour les hommes et les femmes, et toute la nourriture servie y est halal. Sur demande, les clients peuvent aussi disposer d’un tapis de prière dans la chambre, d’un Coran et d’une douchette pour les ablutions. 

Un consumérisme identitaire

Une question mérite cependant d’être posée : le « halal » dans cette conception évolutive répond-t-il à une restriction religieuse ou est-il l’argument pilier d’un marketing ethnique d’opportunité ? Rassemblant les données disponibles dans les 28 pays de l'UE, Pew Research Center estime à 25,8 millions les personnes de confession musulmane en Europe et à près 2 milliards dans le monde. Selon ces dernières extrapolations démographiques, ce nombre doublera d'ici 2050. Nul prosélytisme systématique sans doute dans les motivations des entreprises, mais à tout le moins la logique économique qui pose que, là où il y a un besoin, quitte parfois à le créer, il y a un marché. De qualificatif la notion devient peu à peu aussi un substantif : « le halal » désigne cette volonté de profiter d’un marché porteur boosté par la démographie. Si cet enfermement identitaire est, d'un point de vue politique questionnable, du point de vue du business, il ne l’est apparemment pas.