A l’heure des véhicules électriques, l’Amérique latine découvre cette nouvelle ressource « stratégique » que recèle son sous-sol et qui fait l’objet de vives convoitises de la part de grandes multinationales. La méthode d’exploitation est la même dans les 3 principaux pays extracteurs. La saumure des lacs salés d’altitude (salars) est extraite, puis s’évapore pendant 9 mois. Vient ensuite l’étape des traitements, puis de l’exportation sous forme de carbonate de lithium. Deuxième producteur mondial, le Chili extrait et transforme son lithium dans le désert d’Atacama, dans l’immense Salar au sud de San Pedro de Atacama. L’Argentine n’est que le 4ème producteur mondial derrière l’Australie et la Chine, mais possède aussi un potentiel énorme. Si la Bolivie n’est pas aujourd’hui un immense producteur, le pays possède la première réserve mondiale, avec 40% d’un total estimé à 11 millions de tonnes, notamment au Salar de Uyuni. Selon l'institut d’études géologiques des Etats-Unis (USGS), la production mondiale de lithium s'est élevée à 100 millions de tonnes en 2021, contre 82 millions en 2020, et venant surtout de quatre pays : Australie, Chili, Chine et Argentine. Suivent le Zimbabwe, le Portugal et le Brésil.

Une toxicité voilée par un agenda

Le lithium pose principalement un problème d’écotoxicité du fait de son extraction. Les dommages environnementaux sont d’ores et déjà bien réels. Sur le site d’Atacama, au Chili, les mineurs prélèvent près de 200 millions de litres d’eau par jour. Le pompage de la saumure du sous-sol crée un vide détournant l’eau douce disponible au détriment de la santé des populations locales, de l’agriculture et de l’écosystème. En outre, si un oiseau atterrit sur l'une de ces piscines, il meurt par contact, car le lithium est une neurotoxine.

Et le désastre n’est pas près de s’arrêter. L’entreprise minière chilienne Soquimich (SQM), détenue depuis la dictature de Pinochet par Julio Ponce Lerou, neveu de l’ex-général chilien, prévoit de tripler sa production de lithium d’ici à 2030 pour atteindre 180.000 tonnes d’équivalent carbonate de lithium (LCE) par an. Mais, sous la pression de la mouvance verte, le monde politique se tait. En 2035, l’Europe signe la fin des véhicules thermiques neufs.

L’environnement renvoyé aux calendes grecques

Le recyclage des batteries pose également problème. Des millions de batteries seront mises au rebut au cours des dix prochaines années. Selon les dernières estimations de Greenpeace, 145 millions de voitures électriques seront en circulation d’ici 2030 et plus de 12 millions de tonnes de batteries lithium-ion seront en fin de vie. 

Si des nouveaux procédés permettant de récupérer jusqu'à 95% des constituants des batteries sont en cours de développement en Europe, seuls 5% des batteries au lithium sont actuellement recyclées. Mais, que les constructeurs se rassurent. Dans le cadre de sa stratégie environnementale, la Commission européenne a dévoilé que le taux de recyclage imposé serait à peine de 4% à partir de 2030, avant de passer à seulement 10% en 2035. Une frilosité à mettre en place une chaîne efficace de recyclage qui ne devrait donc pas mettre en péril la production énergivore et polluante de lithium à l’autre bout du monde …