« Jamais depuis un demi-siècle la France n’a connu une telle escalade de violences des forces de l’ordre alors que les dirigeants politiques s’enferment dans le déni. Preuve en est la Loi sur la sécurité globale et son décrié article 24 », explique Michel Kokoreff qui propose dans son ouvrage une généalogie des violences policières qui s’inscrivent dans l’héritage colonial, se prolongent en mai 68 et dans la gestion policière des quartiers populaires aujourd’hui. 

Contre les théories de la « bavure » et de la « faute d’un ou de quelques individus », le sociologue démontre que les violences sont constitutives du fonctionnement de la police française. Il montre comment ces violences sont ancrées au cœur de l’État français. Et il analyse les logiques qui les sous-tendent :  militarisation de la police, volonté politique de neutraliser toute forme de contestation, mutation du syndicalisme policier, autonomie de la base policière qui impose ses pratiques à la hiérarchie et sentiment d’impunité. « Le fait que le politique, et Emmanuel Macron, se refuse à reconnaître le phénomène tel qu’il est quand on voit, notamment les images que l’on a vu pendant les gilets jaunes, alors que le terme violences policières est inacceptable dans un Etat de droit, on se demande dans quel pays ont est ».

Et de préciser au micro de France 24 : « Il est évident que la brutalité policière est une pratique qui, depuis des années, n’a cessé d’augmenter. Il y a un déni structurel de la part de l’Etat. Le déni, il commence à Vichy et Macron ne fait que perpétuer un phénomène institutionnalisé jusqu’à l’affaire Adama Traoré. Il y a de la violence ordinaire et raciste dans les quartiers populaires. Et puis, il y a aussi, depuis 2016, de la violence dans les mouvements sociaux. La première chose qu’il me semble évidente de faire est de reconnaître ces violences et de procéder ensuite aux sanctions disciplinaires ou pénales qui s’imposent. Et puis, penser une réforme de la police, peut-être avec une instance indépendante de contrôle, un comité d’évaluation de la déontologie. Des réformes ont déjà été proposées par des gouvernements de droite, comme de gauche. Elles ont toutes été à ce jour avortées. Peut-être que la pression de l’opinion publique et la viralité des images vidéo changeront la donne ».