Dès le lendemain des faits, Pierre Palmade passe de la cinquième à la première page dans les moteurs de recherche. Google actualités offre sur un plateau viral une nouvelle proie « people » en partage aux voyeurs. « Il paraît que », l'ombre de la rumeur plane avec démesure sur la mesure. Effet pervers, elle s'alimente de tout. Cancéreuse, elle détrône la vertu et s'abreuve du vice. Acheter de l’indignation et vendez du buzz. Le bruit obstiné est le baromètre de l'influence. Le retour sur investissement est garanti. A sa cotation en bourse, pas d'effondrement de son cours. 

Point de convergence entre la rumeur et un journalisme racoleur ? Au pays des boiteux, d’aucuns pensent qu’ils marchent droit. Il leur manque pourtant une béquille, le sens critique. Pour avoir du sens critique, soit cette absence irréversible de conclusions hâtives, il faut être empreint de sagesse. C’est à cette condition seulement que naît le discernement, cette capacité de pensées plurielles qui mènent au doute.

Le doute est une interrogation, ce pressentiment d'une réalité différente. Il s’oppose à la certitude, notion de ce qui est sûr et qui n’est pas discutable. Le doute ne désespère pas de la vérité, il l’enrichit. Informations validées, opinions pondérées, il retient le jugement tant que font défaut les raisons objectives de trancher. La science cherche le mouvement perpétuel. Le bien le plus précieux d’un journaliste consciencieux, ce sont ses doutes, car ils le gardent en mouvement. Une presse libre, contre-pouvoir, est une presse qui s’habille de réserve et de décence, qui cherche à éclairer d’un prisme en lecture et qui s’abstient lorsqu’elle doute. « Il faut toujours se méfier de sa première impression, c’est toujours la bonne, surtout lorsqu’elle est mauvaise », disait Oscar Wilde.

Pour l’heure, la Justice a besoin de temps pour faire son œuvre et le jugement de cour fera loi. Dont acte ! Rideau ! Circulez, il n’y a plus rien à voir ! Ou plutôt, si, il y a certainement déjà autre chose à disséquer au scalpel ailleurs pour la horde de « médiavores » nauséabonds … 

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Pour rappel, Pierre Palmade a fait face à ses juges devant le tribunal de grande instance de Melun, à la suite d’une garde à vue d'un peu moins de 48 heures. Le 17 février dernier, il a été décidé qu'il était assigné à résidence, au service d'addictologie de l'hôpital de Villejuif (Val-de-Marne), sous bracelet électronique. Durant sa garde à vue, l'humoriste a reconnu avoir consommé des stupéfiants avant de prendre le volant. En parallèle, le comédien est visé par deux autres enquêtes : une pour détention d'images à caractère pédopornographique à la suite de dénonciations de deux hommes accusant l’humoriste « d’avoir consulté des vidéos mettant en scène sexuellement des enfants » et une autre pour usage et trafic de stupéfiants. Ce samedi 25 février, le comédien a été pris en charge à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre pour un accident vasculaire (AVC). La chambre d’instruction du tribunal de grande instance de Melun décidera ce lundi 27 février s'il peut rester sous bracelet électronique ou si un passage casse prison l’attend.