Si cette affaire jette un froid entre Washington et Pékin, dont les relations n'étaient déjà pas au beau fixe, l’incident n’est malgré tout pas banal. Il intervient entre deux pays qui luttent pour la suprématie militaire et économique. Espionner les autres du ciel semble être devenu le nouveau sport pour les grandes puissances. La guerre menace et elle pourrait arriver plus rapidement qu’on le croit selon le commandant de l’armée de l’air américaine, Michael Minihan. Dans une note interne relayée par les médias américains fin janvier et dont l’authenticité a été confirmée par le Pentagone, celui-ci exprime son pessimisme au sujet d’un futur conflit entre les deux nations. « J’espère me tromper, mais mon instinct me dit que nous combattrons en 2025 », a-t-il affirmé. Le général Minihan évoque calendrier favorable à la Chine pour intervenir à Taïwan, État séparé de la Chine continentale et possédant son propre gouvernement et ses propres institutions depuis 1949. 

Une zone de non-droit international

Les avions commerciaux évoluent, en altitude de croisière, autour de 30. 000 pieds, soit près de 10 km. L'essentiel du trafic aérien d'aujourd'hui se déploie à ces hauteurs. Mais, entre le ciel des chasseurs militaires et les satellites de l’espace, une nouvelle altitude de conflit se dessine entre 20 kilomètres et 100 kilomètres au-dessus de nos têtes. Bien plus haut, au-delà des 100 km c'est l'espace interplanétaire, où s'appliquent quelques rares règles, notamment le « Traité de l'espace » de 1967, qui interdit le déploiement et la mise en orbite d'armement nucléaire ou d'armes de destruction massive. Mais entre 20 et 100 km, c'est encore assez flou, comme une zone de non-droit international où chacun tente d’évoluer comme il l'entend.

La guerre de demain se prépare dans ce ciel. Celui-ci est de plus en plus investi par des engins, d'espionnage ou d'attaque, alors même que la surveillance de ces espaces, comme la réglementation, est encore pour le moins lacunaire. En envoyant des objets volants dans le ciel américain, la Chine se rappelle toutefois d'ores et déjà au bon souvenir du monde et signale que les gentils ballons pourraient un jour être suivis de vilaines bombes. Tout ceci peut nous faire entrevoir une guerre où la mer sera vide et les cieux sillonnés d’objets volants.