L’association QuotaClimat est née, à l’occasion de la campagne présidentielle de 2022, autour d’une proposition : accorder au moins 20% de l’espace médiatique aux enjeux écologiques. Son slogan #DernierDébat, appelant les journalistes Léa Salamé et Gilles Bouleau à « poser des questions adaptées à l’urgence » pendant le débat d’entre-deux-tours avait alors été abondamment repris sur les réseaux sociaux. Et pourtant, actuellement, 37% des Françaises n’adhèrent pas aux conclusions du rapport du GIEC, QuotaClimat passe donc à la vitesse supérieure. Il faut une loi pour imposer une vision unique.

Censure, quotas et sanctions

Depuis le 19 juillet dernier, un groupe transpartisan de 18 députés, à l’exclusion des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) planchent sur le sujet. Selon un document diffusé par Quota Climat et l’Institut Rousseau, la proposition, pilotée par le député PS, Stéphane Delautrette, pourrait avoir les contenus suivants, possiblement assortis de sanctions :

  • le renforcement des prérogatives de l’Autorité́ de régulation de la
  • communication audiovisuelle et numérique (Arco) pour garantir un traitement adapté sur ces sujets ;
  • l’intégration des enjeux environnementaux dans les chartes déontologiques des médias ;
  • la garantie d’un traitement de ces enjeux, en donnant à l’Arco la possibilité́ d’établir des règles temporaires lors des campagnes électorales ;
  • le renforcement des moyens de lutte contre la diffusion de fausses informations sur la crise écologique sur les plateformes en ligne.

Le texte s’attaque également à la publicité, pilier du modèle économique des médias. Il propose de rendre obligatoire les « contrats climat », un dispositif volontaire lancé en 2021 destiné à réguler et limiter les publicités pour les « produits polluants ». Sur base de quels critères ? (sic !)

Des arguments alarmistes et faibles

Les arguments avancés à l’appui de cette proposition de loi ? « Accepterait-on que quelqu’un vienne affirmer sur un plateau qu’une tisane peut guérir du cancer ? », affirme Nicolas Dufresne,  le directeur de l’Institut Rousseau. Drôle de comparaison ! Le postulat tisane contre le cancer ? L’argument est béton (re sic !). En revanche, le constat que la planète a déjà connu des changements climatiques au cours de son histoire, ça c’est un fait scientifique. Il peut y avoir des vagues de chaleurs, comme des vagues de grands froids, mais il ne faut pas confondre météo et climat ! Et si un(e) journaliste relaie cette vérité, cela ne fait pas de lui/elle un(e) climatosceptique, voire pire la voix médiatique des « complotises » !

Autre constat, et donc purement factuel : Il existe des scientifiques émérites, tel que Steven Konin, qui plaident pour plus de nuances face à certaines assertions assénées en boucle et dont la source unique de la pensée est le GIEC, temple sacré, mieux « sacralisé ». Or, il existe de nombreuses incertitudes sur l’évolution future du climat. L’alarmisme actuel et la culpabilisation de masse associée sont exagérés.

« Je plains le législateur qui va devoir rédiger un texte sérieux. S'il se contente d'interdire les négateurs du changement climatique, il devrait logiquement interdire ceux qui prétendent que les compagnies pétrolières ont inventé un moteur à eau ou ceux qui prétendent que la terre est plate », tacle Samuel Furfari, professeur en géopolitique de l'énergie, docteur en sciences appliquées et ingénieur polytechnicien. Et de préciser avec un réalisme qui mérite réflexion : « Sera-t-il interdit aux médias de citer le rapport 2001 du GIEC, qui affirme qu'il est impossible de prévoir le climat à long terme ? Leur sera-t-il interdit de citer le cinquième rapport du GIEC (page 173), qui affirme qu'il n'y a pas d'impact sur les événements majeurs ? Sera-t-il interdit de dire que depuis l'annonce de la volonté de réduire les émissions, celles-ci ont augmenté de 62% dans le monde ? Sera-t-il interdit de dire que la consommation mondiale de charbon augmente et a atteint le chiffre record de 8 milliards de tonnes ? Je leur souhaite bonne chance... ». A bon entendeur, mesdames, messieurs les députés. Réfléchissez bien avant de voter...