Le 6 novembre 2022 est une date que tout passionné de sports moteurs préfère oublier. Un rapide tour sur ceux de recherche, parfois plus polluants, nous rappelle la triste analyse de certains médias généralistes biens connus pour être plus forts à sortir un scoop avant la concurrence plutôt que de faire place à la réflexion. De l’impact économique, en passant par la sécurité, analysons donc.

Motorsport is dangerous ?

Les Anglais nous le rappellent souvent. Si les sports mécaniques sont « dangereux », ils sont également un véritable laboratoire vers nos voitures de route de demain. C’est aux 24 Heures du Mans que des technologies comme les essuie-glaces, les turbos ou encore les phares de dernière génération ont été testés en conditions réelles. Au niveau des rallyes mondiaux, les voitures engagées officiellement par des constructeurs sont hybrides et nous avons déjà eu la chance de les voir évoluer chez nous en Belgique. 

Comme beaucoup d’autres sports, celui destine aux mécaniques n’est pas spécialement plus dangereux… quand il est bien encadré. Mais, du côté de Huy, il faut bien reconnaître que certains confondent Rallye et Fêtes de Wallonie…

En tête du championnat belge actuel, le Hamoirien Maxime Potty le constate comme bien d’autres pilotes : « Il faut arrêter de dire que le rallye est dangereux, c’est le public qui l’est. Et particulièrement au Condroz où il y a énormément d’engouement pour l’épreuve ». Pilote plus régional, de Braives, Cédric Hubin rejoint entièrement l’avis tranché du favori pour le titre 2023 : « Ce rallye mythique qui traverse également la Hesbaye est important pour moi et mes nombreux partenaires locaux, pour qui être au départ d’une épreuve de renommée nationale est important. Malheureusement, on constate souvent que le week-end de la course, en début d’après-midi, une majorité de spectateurs ont déjà abusé de l’alcool et qu’une autre minorité prend trop de risques ».

Moratoire en Hesbaye prématuré ?

L’enquête étant toujours en cours, nous ne porterons aucun jugement sur l’accident survenu en 2022, contrairement à certains confrères, parfois mêmes réputés « spécialistes ». En revanche, pourquoi cet empressement ? En janvier, le premier politique a marqué un coup d’arrêt aux rallyes est le bourgmestre de Hannut, Manu Douette, en attendant « plus de sécurité sur les épreuves routières ». A un an des élections, on ne prend aucun risque ! Douze autres communes se fédèrent sous l’impulsion de leur collègue hannutois. 

Cédric Hubin, originaire de Braives, comprend mal cette décision : « Nous avons été nombreux à nous poser les bonnes questions. Mais rare ont été les politiques à nous demander notre avis. Leur discours n’était pas clair et cette décision était fortement précipitée. Le Rallye de Hannut n’est pas celui du Condroz. En revanche, comme ce dernier, il représente une réelle microéconomie le temps d’un week-end ». Avec des centaines de pilotes, copilotes, mécanos le temps d’un week-end et sans compter le public, de nombreux commerçants de Hannut regrettent amèrement cette décision. Et bien sûr, le milieu associatif comme les écoles, les clubs de foot et bien d’autres qui tiennent les buvettes le long du parcours. Un joli manque à gagner annuel pour bon nombre d’acteurs !

Economie de marché ou intérêts politiques ?

Et la suite ? Face au - Royal, nous ne l’oublierons pas - Motor Club de Huy qui reste une ASBL et qui vient juste d’annoncer via leurs réseaux sociaux que le Rallye du Condroz avait vécu, d’autres structures professionnelles sont également pressenties et souhaitent professionnaliser au maximum le sport automobile. Superstage en Flandre ou encore DG Sport en Wallonie figurent parmi les plus connus. 

Pour en revenir à notre postulat, sans conteste, le prix de la sécurité n’a pas de prix et c’est à ce prix que les épreuves motorisées devront continuer dans la région de Huy, et ailleurs...  Mais, il faudrait d’abord se dépêtrer des conflits « sportifs » - hors sujet et à intérêts subjectifs - qui animent les débats et opposent les personnalités politiques et sportives de la région hutoise, parfois bien loin des considérations sécuritaires.

La suite éventuellement au prochain épisode.

Alexandre Peeters