Les mots de Philippe de Villiers ont provoqué la colère de nombreuses personnalités, en particulier de gauche. Les Insoumis et les écolos ont affirmés que « même s’ils sont en désaccord avec le jeune Ministre, ils ne peuvent supporter ni accepter ce type d'attaques ». Dans la foulée, la droite et la majorité ont aussi condamné des « attaques personnelles indignes ». Mais quelle attaque ? Son homosexualité ? L'homosexualité de Gabriel Attal n'est un secret pour personne puisqu’il en a parlé très librement dès 2018 dans plusieurs interviews accordées au Nouvel Observateur, à Libération et au magazine LGBTQI+ Têtu. Et la presse unanime d’en rajouter d’ailleurs une couche depuis l’arrivée au gouvernement de G. Attal : « Gabriel Attal : qui est son compagnon Stéphane Séjourné ? » fait la Une des médias français. La vie de couple (ou pas) des sept autres fraîchement promus ministres ne fait pourtant pas l’objet d’un tel coup de projecteur médiatique. Vous avez dit étrange ?

L’homme ou la fonction ?

Cela étant dit, n’y a aucune raison pour s’en prendre à la vie privée d’un responsable politique, fût-il adversaire. Rien de plus évident ! Mais, à aucun moment, dans son tweet (où alors je ne sais plus lire le français), Philippe de Villiers ne stigmatise l’orientation sexuelle de Gabriel Attal. Il s’inquiète de son « militantisme » et craint le « passage du woke au LGBT ». Un militantisme qui risque de déteindre sur l’école dont il a désormais la charge eu égard aux positions publiques de G. Attal, notamment en matière de gestation pour autrui. Il l’a déclaré : il ne serait « pas contre un GPA éthique si c’était légal en France ». Il souhaite également la reconnaissance des enfants nés de GPA à l'étranger. Il s’agit donc clairement d’une prise de position politique – et d’une revendication portée par la communauté LGBT - qui peut être contestée, comme toute prise de position, tant par les adversaires politiques que par l’opinion publique. C’est ce qui s’appelle vivre en démocratie, non ?

L’orientation sexuelle, mais pas la couleur ?

Autre élément troublant au cœur de cette polémique : comme le militantisme n’a pas d’orientation sexuelle, le wokisme n’a pas de couleur de peau. Lorsque Pap Ndiaye évoque la prétendue existence d’une « ségrégation scolaire », il alimente un wokisme de salon, confortablement installé dans son luxueux appartement situé dans un quartier chic de Paris. Facile. Il est donc permis de dénoncer cette complaisance woke, caractéristique du mouvement, sans risquer de se faire taxer de raciste parce que le ministre de l’Education nationale sortant qui a tenu de tels propos est un homme de couleur. 

A l’identique, parler de militantisme LGBT ne vise pas une orientation. On peut d’ailleurs être un ardent défenseur de la cause LGBT et être hétérosexuel. Et pourtant, en passant « du woke au LGBT », Pap Ndiaye passe à la trappe. Pourquoi ce qui ne soulève pas de levée de bouclier pour la couleur suscite un tsunami pour le sexe ? Allez, j’ose … Peut-être parce que la couleur concerne moins de monde ? N’y-a-t-il pas là aussi matière à réflexion lorsque l’indignation s’affiche violemment sélective ?

Mes développements me ramènent ainsi à ma question première : le tweet de Philippe de Villiers est-il vraiment une agression ad hominem ? Ce commentaire justifie-t-il le tombereau d’insultes saignantes qui s’est déversé aussitôt sur lui ? Gabriel Attal est-il vraiment son martyr ? Adepte lui-même des punchlines acidulées, le nouveau ministre de l’Education nationale n’a, à tout le moins, pas cru bon de relever ou alors il prépare sa riposte, qui sait. Les phrases culte marquent en politique et le jeune loup aux dents longues le sait. Quant à de Villiers, il a eu ses quelques heures de gloires grâce aux relais virtuels et médiatiques, sans un maigre instant d'« arrêt sur image » quant au fond (sic!). C’est ce qui s’appelle un Bad buzz …