L’enquête a été réalisée sur un échantillon d’étudiants représentatifs de diverses universités américaines. Les résultats ont donc une valeur nationale et transversale. Ils ne reflètent pas la situation d'une seule université. 

86% des étudiants soutiennent le slogan 

Peu après l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre, plusieurs associations d’étudiants déclaraient dans une lettre commune : « Nous soussignées, organisations étudiantes, tenons le régime israélien pour entièrement responsable de toute la violence en cours ». L’expérience est donc partie de ce slogan qui est apparu, dans la foulée, sur des banderoles et des affiches : « Du fleuve à la mer ». 

L'échantillon d'étudiants sélectionnés au hasard se positionne comme suit :  53% de jeunes soutiennent ce slogan et 33% le soutiennent même « avec enthousiasme ». Pour rappel, cette expression a été popularisée dans les années 1960 par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), lorsque Yasser Arafat la dirigeait. Aujourd’hui, s’approprier ce slogan signifie se ranger du côté de la faction la plus extrémiste des Palestiniens, en soutenant les objectifs et les méthodes du Hamas. Un pas que de nombreux jeunes Américains n’hésitent pas à franchir.

La première question de l'enquête auprès de l'échantillon étudiant concernait l'interprétation littérale de ce slogan. De quel fleuve et de quelle mer s'agit-il ? Moins de la moitié des étudiants interrogées étaient capables de nommer le Jourdain et la Méditerranée. Une majorité des étudiants a donné des réponses variées, incluant même l'Atlantique et la mer des Caraïbes. Dans certains cas, ils restaient un peu plus proches, mais ils se trompaient toujours : le Nil, l'Euphrate, la Mer Morte .

Parmi les autres manifestations d'ignorance qui ressortent du questionnaire : 10% des étudiants pensent qu'Arafat était président d'Israël et 25% d'entre eux nie l'existence des accords de paix d'Oslo (signés en 1993 et ​​1995 entre Israël et l'OLP d'Arafat). 

Un refus de changer d'avis

L’expérience ne s’arrête pas à ce constat sur l’illettrisme de ces jeunes. L'enquête d'opinion a connu une deuxième phase : 80 de ces étudiants ont acceptés d’être confrontés à un atlas. Il leur a également été communiqué des informations objectives sur la situation locale. Découvrant que le slogan « du fleuve à la mer » appelle à l'assujettissement, à la déportation ou à l'élimination de sept millions de Juifs et de deux millions d'Arabes israéliens, 68% des étudiants ont tout de même changé d'avis, renonçant à soutenir ce slogan. Ces étudiants, observe le professeur Hassner, n'avaient jamais vu de carte du Moyen-Orient et ignoraient les bases élémentaires de géographie, d'histoire et de démographie. 

Cependant, au sein du même échantillon d'étudiants interrogés, ceux qui se définissent comme « progressistes » ou issus de la gauche radicale sont les moins disposés à changer d'opinion, malgré les explications du professeur. En particulier, lorsqu'on leur reproche que le slogan « du fleuve à la mer » est perçu comme agressif, menaçant et raciste par leurs pairs et camarades étudiants juifs, ils affirment ne pas vouloir l'abandonner.

Cet antisémitisme est alarmant, conclut le professeur Hassner. La jeunesse d’extrême gauche qui domine sur de nombreux campus américains a des préjugés anti-occidentaux et antiblancs. Israël et les Juifs paient également le prix de leur association avec l’Occident et de tous les maux qui lui sont attribués.