Depuis les années 1970 jusqu’aux attentats perpétrés par Al-Qaïda au début des années 2000, le terrorisme se manifestait par des opérations d’envergure nécessitant une logistique pointue, des armes lourdes et des financements conséquents. Avec Daech, un autre chapitre s’est ensuite ouvert. Des combattants étrangers sont alors recrutés un peu partout en Europe pour affaiblie le Vieux continent, avec un nouveau variant : le terrorisme prend, le plus souvent, la forme d’attentats-suicides de masse. Paris, Nice, Bruxelles, Le défi pour nos sociétés est alors redoutable, mais l’objet idéologique revendiqué est clair. Le combat est politico-radical. Phénomène nouveau, à l’ère des réseaux sociaux, le djihadisme s’individualise. N’importe quel quidam peut se saisir d’un couteau pour rendre sa « justice divine ». 

Plus besoin de QG ni d’ordres

Rattaché à aucun groupe, l’entrepreneur individuel d’un acte terroriste s’autoreconnait comme combattant de la cause et frappe seul. Facilitées par le numérique, cette forme de radicalisation comme la décentralisation sont totales. La violence est soudaine et donc difficile à détecter. Partant, cartographier le profil des agresseurs (âge, nationalité, motifs, antécédents judiciaires et psychologiques), comme celui des victimes, afin de pouvoir établir un plan d'actions et éviter que ces attaques se produisent et se multiplient, relève de l’ordre de l’impossible. Seule constante : la source d’autorité et de légitimité du passage à l’acte est l’islam.

Un terrorisme victimaire

Le profil de ces terroristes pointe de manière inédite la société européenne elle-même, et ses valeurs démocratiques, accusée d’avoir engendré ce bacille que le contexte international nourrit et stimule. Ce terrorisme victimaire s’inscrit dans le registre de la violence politique. Il joue tout à la fois sur l’irruption de la mort dans le quotidien et la déstabilisation de l’autorité étatique. Symboliquement, ce sont des figures détentrice de l’autorité qui sont visées, que ce soient des enseignants, des militaires ou des policiers. Il y a clairement un ressentiment de rejet de ces institutions qui nourrit le passage à l’acte. Le terroriste ne se voit pas comme un monstre, mais comme une victime qui fait justice. Selon sa logique, il ne fait que tuer un oppresseur. Il rend partant service à la communauté et la délivre.

L’atteinte aveugle accroît le sentiment d’interchangeabilité des cibles. L’identification compassionnelle ressentie par les citoyens/spectateurs provoque une panique diffuse. Les « victimes » psychologiques sont ainsi infiniment plus nombreuses que les personnes tuées ou blessées. Cette dimension constitue indiscutablement le principe d’action de ce terrorisme low cost. La force de frappe symbolique, mais puissante. En résumé, cela aurait pu être moi et non mon collègue …