Ils n’ont pas prêté allégeance à un groupe terroriste et aucun groupe ne les a reconnus comme membres. Quand ils sont visibles, les signes précurseurs de leur radicalisation s’expriment par le biais des réseaux sociaux. Lors du passage à l’acte, aucun n’a ouvertement déclaré de motivation politique. Leur djihadisme est individualisé, leurs cibles sont indéterminées et leurs seules armes sont des couteaux. L’électron libre voyou est l’héritier contemporain du criminel salafisé par une organisation extrémiste. Un terrorisme low cost, anti-valeurs démocratiques, difficile à anticiper et qui alimentent une réelle menace diffuse. Retour sur les faits.

Des images d'une violence extrême

Sur les vidéos de l'attaque diffusées sur les réseaux sociaux - extrêmement choquantes - on y voit l'homme, vêtu d'un short et d'un tee-shirt noirs, coiffé d'un foulard, errer autour de l'aire de jeux, puis courir après les enfants et les parents qui s'y trouvent, pour les poignarder. Un homme, vêtu de gris et de deux sacs à dos, attire alors son attention et se fait attaquer à son tour. Il se défend avec son sac et poursuit le suspect, l'interrompant à plusieurs reprises alors que l'attaquant se jette sur une double poussette dans laquelle se trouvent deux enfants. L'homme au sac à dos le poursuit encore, faisant fuir l'attaquant et, finalement, le forçant à quitter l'aire de jeux. L’assaillant est interpellé quelques instants plus tard par les forces de l’ordre.

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Plus besoin de QG ni d’ordres

Depuis les années 1970 jusqu’aux attentats perpétrés par Al-Qaïda au début des années 2000, le terrorisme se manifestait par des opérations d’envergure nécessitant une logistique pointue, des armes lourdes et des financements conséquents. Avec Daech, un autre chapitre s’est ensuite ouvert. Des combattants étrangers sont alors recrutés un peu partout en Europe pour affaiblie le Vieux continent, avec un nouveau variant : le terrorisme prend, le plus souvent, la forme d’attentats-suicides de masse orchestrés. Paris, Nice, Bruxelles, Le défi pour nos sociétés est alors redoutable, mais l’objet idéologique revendiqué est clair. Le combat est politico-radical. Phénomène nouveau, à l’ère des réseaux sociaux, le djihadisme s’individualise. N’importe quel quidam peut se saisir d’un couteau pour rendre sa « justice divine ». Et ce terrorisme low cost est difficilement maîtrisable.

Un profilage prédictif complexe

Rattaché à aucun groupe, l’entrepreneur individuel d’un acte terroriste s’autoreconnait comme combattant de sa cause et frappe seul. Facilitée par le numérique, cette forme de radicalisation comme la décentralisation sont totales. La violence est soudaine et donc difficile à détecter. Partant, cartographier le profil des agresseurs (âge, nationalité, motifs, antécédents judiciaires et psychologiques), comme celui des victimes, afin de pouvoir établir un plan d'actions et éviter que ces attaques ne se produisent et ne se multiplient, relève de l’ordre de l’impossible. 

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Un terrorisme anti-valeurs démocratiques

Le profil de ces « nouveaux » terroristes pointe de manière inédite la société européenne elle-même, et ses valeurs démocratiques, accusée d’avoir engendré ce bacille que le contexte de crise actuel stimule. Ce terrorisme victimaire s’inscrit dans le registre de la violence politique. Il joue tout à la fois sur l’irruption de la mort dans le quotidien et la déstabilisation de l’autorité étatique. 

Symboliquement, le plus souvent, ce sont des figures détentrice de l’autorité qui sont visées, que ce soient des enseignants, des militaires ou des policiers. Il y a clairement un ressentiment de rejet de ces institutions qui nourrit le passage à l’acte. Le terroriste ne se voit pas comme un monstre, mais comme une victime qui fait justice. Selon sa logique, il ne fait que tuer un oppresseur. Il rend partant service à la communauté et la délivre.

L’attaque aveugle accroît en outre le sentiment d’interchangeabilité des cibles. L’identification compassionnelle ressenties par les citoyens/spectateurs provoque une panique diffuse. Les « victimes » psychologiques sont ainsi infiniment plus nombreuses que les personnes tuées ou blessées. Cette dimension amplifiée constitue indiscutablement le principe d’action de ce terrorisme low cost et sa force de frappe. En résumé : « ce matin, cela aurait pu être moi et non eux … »

Depuis l’annonce des faits, de nombreuses voix politiques françaises s'élèvent pour demander un screening plus pointu des demandes d’asile. L’immigration incontrôlée tue.