La base électorale communautaire s’effrite

L’avantage des actions citoyennes menées par la communauté belgo-marocaine, c’est qu’elle fait plus peur aux mandataires qui lorgnent leurs voix que les récriminations de Monsieur Van Pachterbeke. Et oui, l’époque paternaliste de la petite tape sur l’épaule est bien terminée. Pour paraphraser notre bon bourgmestre, « les gens très progressistes ont aussi le droit de vivre correctement ». Certes. Et ils le font savoir.

Allô Tonton Chami, pourquoi tu tousses ?

Dans le même élan, la proximité de la diaspora de l’ex-empire chérifien avec les troupes de la STIB nous permet, au passage, d’apprendre que 179 bus ultrapolluants ont, étrangement, été fourgués au Maroc ! Ce qui fait tiquer, à juste titre, Messieurs Mustapha Chanuf et Younes El Abdi, porteurs de l’interpellation : « est-ce que l’écologie et le réchauffement climatique s’arrêtent aux frontières de la Belgique ? ». A l’évidence, non. D’où ce sentiment de double injustice de nombreux habitants des quartiers du Pentagone (et d’ailleurs) : un plan de « mobilité » qui pourrit leur quotidien au nom des ours blancs et des machines obsolètes liquidées au bled pour détériorer l’atmosphère de leur contrée d’origine. Tout ça fait désordre, le tout parfumé d’un petit relent de patriarcat blanc cis-genré et néo-colonialiste, un comble pour l’ostendais Bart Dhondt (Ecolo-Groen), soutien reconnu de la petite reine et du peuple de l’Alphabet (LGBTQ... etc.).

Ecolos zinzins

A propos de l’échevin de la mobilité, ce cher Bart, observons ses réponses aux critiques. Un salmigondis qui évolue comme une tomate de décembre à Malaga : hors-sol. En bon petit idéologue, notre ami Bart rappelle pourquoi, selon lui, un plan tel que Good Move est nécessaire : 3 morts dans les rues, 165 accidents, l'espoir du retour de l’air pur, ne plus voir des personnes sans maison en Wallonie ou en Espagne (rappel des inondations de la méchante météo à cause du très violent CO2) ... Pas de commentaire sur les midterms électoraux américains mais le plan Good Move, c’est certain, empêchera la réélection de Trump.

Plus près de chez nous, comme le réchauffement climatique est devenu changement climatique faute de températures sérieuses, le plan Good Move n’est plus un « plan de mobilité » mais un « changement destiné à créer des lieux de vie et pas seulement des routes de passage ». Pour faire simple, si les personnes à mobilité réduite ne peuvent pas rejoindre le Bois de la Cambre, elles pourront profiter en bas de chez elles d’une « rue à jeux » pour pouvoir profiter du bitume surchauffé ouvert à la diversité apaisée.

Les citoyens et l’inconnu

Les citoyens Chanuf et El Abdi ne sont pas convaincus. « Merci de confirmer, Monsieur l’échevin, que vous entendez mais n’écoutez pas la détresse des gens. Vous confirmez que vous allez continuer sur cette voie. Nous allons donc déposer une nouvelle requête basée sur l’article 318 de la nouvelle loi communale afin d’organiser une consultation populaire. Ce sera notre première option. La seconde fera l’objet d’un recours au conseil d’état en violation de la loi du 10 mai 2007. Vous dites que vous êtes sur le terrain ? Madame Jellab est sur le terrain. Monsieur Pinxteren aussi. Vous êtes inconnu de la population ». El Abdi : « Les 310 réunions que vous évoquez ne sont rien face aux milliers de témoignages que nous avons reçus. Vous n’avez pas conscience d’une certaine réalité de terrain et du vécu des gens pour lesquels vous êtes totalement absent. »

Good Move, Bad Money

Passer du mécontentement citoyen à la trésorerie communale, seul le bourgmestre Philippe Close était capable d’assurer une telle transition avec le sourire.  Inflation, indexation, énergie... Voilà la nouvelle trinité qui a succédé au narratif covid. Sur plus de 900 millions de budget (2022), Close annonce un écart déficitaire de 5 millions : « nous gardons le cap » ... Face à l’abîme, un grand pas en avant ? Peu de questions en séance : apparemment discuter d’argent public… en public demeure incongru voire vulgaire. Le sujet est plutôt réservé aux réunions de sections plus intimistes et surtout non diffusées au public.

Grand écart à 15 millions

Wauters (Les Engagés) rappelle que ce budget n’a porté que sur 4 mois vu son retard à l’allumage et que si le déficit du budget (ordinaire) est “maintenu”, l’extraordinaire (le budget magique) aurait pris plus de 10 millions dans la vue. Rassurant, Close parle d’une simple conséquence des « révisions de prix » dues à l’inflation. Un peu incohérent, il souligne que la ville « n’atteindra jamais ces chiffres ». Bref un budget sans doute négatif mais qui sera tout de même positif. Sinon pour le Nobel d’économie 2023, on peut encore proposer un nom ?