Des diplômes imaginaires

Les pratiques des professionnels du secteur mais aussi les centres de formation ou les agissements constatés sur internet ont été passés au crible. Particulièrement ciblés, les coachs dont les spécialités étaient en lien avec l’équilibre physiologique ou l’équilibre mental (gestion du stress, perte de poids, lutte contre certaines addictions...), les « coachs de vie » et « coachs en développement personnel », y compris les professionnels qui n’utilisent pas explicitement le terme « coach ». 

Chez environ 20% des professionnels contrôlés, les services de la DGCCRF ont constaté des pratiques commerciales trompeuses, pouvant induire les consommateurs en erreur avec, notamment, des qualifications non détenues par le coach, comme un diplôme pour un magnétiseur, l’entretien d’une confusion avec le corps médical en ayant recours à des termes propres à ce secteur ("consultation", "docteur"), l’usage d’allégations thérapeutiques (séances supprimant les fibromyalgies et tendinites, ou encore les allergies) ou la spécialisation de leurs pratiques de coaching pour la lutte contre des troubles du comportement, par exemple alimentaire, qui relèvent d’un suivi médical.

Ces contrôles ont donné lieu à 71 avertissements, 59 injonctions et 1 procès-verbal pénal. Des pratiques en lien avec le mésusage de données à caractère médical (demande des analyses sanguines du consommateur), ou susceptibles de s’apparenter à des dérives sectaires, ont également été relevées, et ont fait l’objet de signalements aux administrations compétentes.

Des gourous auto-proclamés

Lorsque l’on évoque le terme de « secte », on pense spontanément à la Scientologie. Or, certains coachs auto-proclamés sont aussi en lien avec la mouvance sectaire. Les techniques de développement personnel favorisent la manipulation des individus pour les placer en état de sujétion à des fins de conditionnement. Aux Etats-Unis, le secteur est devenu une véritable mine d’or. En version américaine, ils s’appellent Brendon Buchard ou Marie Forleo. En Europe, en version francophone, ils se prénomment Franck Nicolas, David Laroche ou encore Olivier Roland. Vidéoconférences, bestsellers et mêmes produits dérivés, un véritable marché satellite autour du sense of well-being. Et comme par hasard, quand ils ne sont pas millionnaires, ils sont tous à tout le moins des entrepreneurs vertueux et accomplis et prétendent détenir la clé pour miraculeusement faire de sa vie une « success story ». Leur point commun ? Une fois votre facture payée, les miracles escomptés ne sont pas au rendez-vous. 

Des vendeurs de rêves

Adeptes du blogging professionnel, drainant des milliers followers sur les réseaux sociaux, ces formateurs font miroiter la garantie professionnelle d’un succès. La promesse est alléchante, surtout en période de crise économique : « multiplier votre chiffre d’affaires par cinq en moins de 60 jours sur le web et cela marche, puisqu’il y a des gagnants ! ». Accéder à l’Eden promis a toutefois un coût. Si la première vidéoconférence est gratuite, les suivantes affichent un prix exorbitant pouvant aller jusqu’à 6000,00 euros. En aval de cette pyramide commerciale, des témoignages positifs de (faux) web winners « satisfaits » postés en commentaires des publications : « Geoffrey G. a gagné 8400,00 euros en un mois et s’apprête à signer un contrat pour une prestation à 19.200,00 euros. Faites comme lui, suivez nos conseils ! ». Pour se forger une opinion, il suffit pourtant de taper le mot « avis » sur Google, précédé du nom du coach en question, et c’est là que les choses se compliquent. Les dénonciations étiquetées « arnaques » par les internautes sont légion sur les blogs et forums de discussion. 

Vérifier la certification

Le métier n’étant pas protégé, aujourd’hui, tout le monde peut diffuser des vidéos de bons conseils, écrire un bouquin et prétendre être un spécialiste en développement personnel. Comment faire le tri ? Il faut d’abord vérifier les certifications du coach et son éthique dans sa pratique. C’est la seule manière d’éviter le piège de pratiques douteuses. Et pour trouver un coach certifié et fiable, les candidats peuvent s’adresser à La Fédération Belge de Coaching. Elle fait partie d'ICF International, la fédération mondiale des professionnels actifs dans le coaching, qui compte plus de 30.000 membres dans 132 pays. 

S’assurer de l’absence d’emprise

Des périodes de transition professionnelle, comme un licenciement, ou privée, comme un divorce, sont des états idéaux de souffrances passagères pour que la manipulation mentale opère plus facilement. Le passage par un coach doit être un tremplin libératoire, en aucun cas une spirale addictive dans un lien de dépendance. Un indice de bonne pratique est donc aussi l’absence de prise de pouvoir.

En Belgique, le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) est un centre indépendant rattaché au SPF Justice. Chaque année, il tire la sonnette d’alarme sur le phénomène des organisations sectaires nuisibles en Belgique, ainsi que sur leurs liens internationaux en adressant des signalements à la police fédérale et à la Sureté de l’Etat sur des situations potentiellement problématiques. La menace qui plane en termes de dérives sectaire est donc bien réelle et les méthodes inspirées du coaching nouvelles. Gare aux coachs gourous !

Pour trouver un coach certifié, adressez-vous à : www.coachingfederation.be