Pourquoi cette collaboration ? « Les personnes marginalisées en raison de leur identité érotique, de leur sexe, de leur race, de leur classe sociale ou de leurs caractéristiques corporelles trouvent dans la production de contenus sexuellement explicites un puissant espace d'expression et de réappropriation. Les travailleurs du sexe, qui sont depuis longtemps les piliers de l'industrie pornographique et les parias de la société, occupent une place cruciale dans les débats sur ces questions complexes. Une collaboration entre le BxlPFF et le festival SNAP ! s'est imposée d'elle-même ! », peut-on lire sur le site du festival. Le premier problème, c’est que l’événement est partiellement financé par le contribuable via le Secrétariat d'Etat à l'Egalité des Chances.

À quand l'Iris dans le générique de films pornos ?

Nawal Ben Hamou (PS), Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, s’en défend sur Twitter le pseudo Ibra : « seul le SNAP ! festival a reçu un soutien de 7000,euros en 2022. La mention d'http://equal.brussels a été erronément reprise sur le site du https://brusselspornfilmfestival.com ». Et un internaute de lui répondre : « Les deux projets ont fusionné : en subventionnant SNAP ! vous avez subventionné le BxIPPF. C'est même indiqué sur le site de Visit Brussels. Allez raconter vos salades ailleurs. https://www.visit.brussels/fr/visiteurs/agenda/event-detail.Brussels-Porn-Film-Festival-and-SNAP.551010 ». Etonnamment, la page n’existe plus aujourd’hui. Pourquoi ce nettoyage si la conscience est clean ?

En outre, madame Nawal Ben Hamou (PS) en aurait-elle oublié ses cours de math ? « En mathématiques, une relation transitive est une relation binaire pour laquelle une suite d'objets reliés consécutivement aboutit à une relation entre le premier et le dernier ». Donc, si le Secrétaire d'Etat a subsidié SNAP ! et que SNAP ! s’associe à BxIPP, de facto la Ville sponsorise l’événement. 

Pour le surplus, si le logo d’Equal Brussels a effectivement disparu des partenaires mentionnés sur le site du BxIPPF, demande de suppression formulée par le Secrétariat à l’Egalité des chances, celui de la Ville de Bruxelles et celui de Be Arty Brussels sont toujours bien présents.  « À quand l'Iris dans le générique de films pornos ? », questionne encore sur Twitter le pseudo Ibra.

Le porno pour défendre la traite des êtres humains ?

Au-delà d’un manque de courage politique dans les décisions prises - supprimer, ce qui est publié en ligne lorsque le vent tourne semble être le nouvel effet de mode tous partis confondus - ce qui est encore plus gênant, c’est la participation à l’événement d’UTSOPI (Union des Travailleu(r)ses du Sexe Organisé.e.s Pour l’Indépendance). « Ce que nous désirons, c’est la décriminalisation du travail sexuel en Belgique (*), l’accès aux mêmes droits que la population générale pour les travailleuses et travailleurs du sexe, et la lutte contre la traite des êtres humains », peut-on lire sur le site internet du collectif. Et c’est là  que cela coince.

« UTSOPI a été créé pour venir en aide aux Travailleu(r)ses du sexes précaires (TDS) », nous confie l’une d’entre elles. « Ce n’est pas en faisant la promotion du travail sexuel dans des festivals et événements que l’on va éradiquer la traite des êtres humains. UTSOPI dérive clairement et les TDS s’y retrouvent de moins en moins. Un syndicat défend nos intérêts. Il n’alimente pas notre stigmatisation et notre instrumentalisation. Le porno est clairement une industrie toxique à notre combat ».

(*) Le 18 mars 2022, la réforme du droit pénal sexuel a été approuvée par le Parlement fédéral. La Belgique est ainsi devenue le premier pays européen à dépénaliser la prostitution. Cette réforme est entrée en vigueur le 1er juin 2022.