La société Medista, située à Zaventem et spécialisée dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement médicale de haute technologie. Elle est reconnue dans le secteur pour ses standards de qualité les plus haut en matière de conditions de conservation des vaccins à basse température (avoisinant les -70°C), de transport avec une flotte de véhicules sous température dirigée conformes aux normes de l'AFMPS. Ce n'est donc pas un hasard si l'entreprise a été sollicitée, en décembre 2020, pour distribuer, dans l’urgence de la crise sanitaire, les vaccins corona dans notre pays. 

Durant la première vague, l’entreprise délivrera ainsi des millions de doses, notamment aux maisons de repos et de soins, dans des délais record et sans accrocs. Aujourd’hui, Medista, qui consacre son énergie à faire valoir ses droits légitimes, est exsangue. Elle a également fait l’objet de la part de l’administration publique d’actes récurrents de harcèlement, de dénigrement, de vexation outre surtout d’un refus de régler d’importantes factures conformes aux modalités contractuelles d’émission et de paiement, l’objectif inavoué étant de pousser l’entreprise à la faillite.

Une rupture unilatérale et abusive

Medista a ensuite gagné un premier appel d’offres pour le testing, ainsi qu’un deuxième pour la vaccination d’une durée de 4 ans pour en être ensuite évincée, contre toute attente, à peine quelque mois après, au bénéfice d’une société concurrente, Moviento, sur base d’un rapport de l’Inspection des finances prétextant un dépassement de budgets et mentionné par le Ministre Vandenbroucke, rapport qui s’avéra par la suite être inexistant. MEDISTA en fut interpellée et saisit alors le Conseil d’état, en juillet 2022, mais en vain au motif d’un défaut de preuves.

En août 2023, c’est l’ONG Transparencia qui introduit une plainte auprès de l’Office Central pour la Répression de la Corruption (OCRC). Elle met en cause le SPF Santé publique pour obstruction à la divulgation des documents concernant la passation dudit marché public. L’ONG évoque un problème de transparence administrative, à la suite du refus de rendre accessibles ces documents.

Une mise hors-jeu orchestrée

Medista considère avoir été mise hors-jeu, notamment, du fait d’un conflit ouvert depuis plusieurs mois avec le SPF Santé publique à propos des médicaments périmés à hauteur de 100 millions d’euros achetés par le gouvernement. Selon Medista, le SPF Santé publique a alors tenté d’imputer à l’entreprise la responsabilité du nombre hallucinant de médicaments périmés et contrefaits, que le SPF a lui-même achetés, pour légitimer un changement de prestataire. Les preuves qui sont actuellement divulguées corroborent des manœuvres manifestement frauduleuses au plus haut niveau pouvant relever de qualification pénale, estime Olivier Delaere, actionnaire minoritaire de Medista. « Force est de constater qu’il a été porté à ma connaissance et pour partie à la presse à ce stade, des éléments accablants concernant l’attribution de ce marché public ».

Des éléments de preuve irréfutables

Dans son communiqué, il  précise : « il s’avère notamment, preuves à l’appui, que : 

  • L’appel d’offre a manifestement été orienté par une haute fonctionnaire de l’administration en pleine connivence avec d’autres acteurs qui en ont ainsi anormalement profité telle une entreprise concurrente de MEDISTA. Cette dernière a ainsi emporté ce marché alors même qu’elle n’avait, au moment où elle a répondu au Tender puis lors de son exécution, ni les licences ni le matériel pour assumer une telle mission, mettant de la sorte en danger non seulement la campagne de vaccination mais surtout la population qui devait en bénéficier ce qui est particulièrement grave ;

Il faut préciser que Sarah Taybi (PDG de Medista), alors même qu’elle avait été informée que l’attribution de ce marché public avait été arrangé, a néanmoins décider de continuer pendant de longs mois après la perte dudit contrat à prester et ce, afin de ne pas mettre la campagne de vaccination en péril.

  • Certes le recours devant le Conseil d’état a été déclaré à première vue non fondé mais à la lumière des preuves d’aujourd’hui, il s’avère que des fausses déclarations sur l’honneur ont été faites au Conseil d’Etat par différents acteurs dont des fonctionnaires assermentés ;
  • La société incriminée qui a irrégulièrement emporté, par des manœuvres auxquelles elle a activement participé, l’appel d’offre, est par ailleurs entrée dans les locaux de MEDISTA sous de fausses identités. Le banaliser, comme elle le fait aujourd’hui, en le présentant comme une péripétie anecdotique, est symptomatique du système spécieux mis en place ».

En ce qui concerne plus particulièrement Black Cube, l’agence privée qui a cuisiné et filmé une fonctionnaire du SPF Santé Publique soupçonnée d’avoir manipulé l’attribution d’un marché public : « Certains peuvent se gloser de la manière dont les preuves ont été acquises, mais elles démontrent ce que MEDISTA subodorait depuis qu’elle avait été anormalement évincée et qu’elle n’avait pu qu’extrapoler devant le Conseil d’état avec l’issue que nous connaissons ».

Sus à l’impunité fédérale

Et de conclure : « il serait opportun que les députés qui se sont saisis à juste titre de cette affaire s’intéressent au nombre de sociétés qui ont finalement remis offre pour ce marché public important alors que certains nouveaux critères d’attribution avaient été adoucis pour prétendument attirer davantage de candidats. Certes la période est sensible pour les partis politiques en cette phase préélectorale et de présidence européenne. Il n’en demeure pas moins qu’il relève de leurs responsabilités politiques de ne pas laisser ce type d'agissements sans conséquences ».