Depuis leur autorisation de mise sur le marché, à la fin de 2020, quelques mois seulement après la survenue de la pandémie du coronavirus, les États européens ont déjà acheté 1,5 milliard de vaccins, soit plus de trois par habitant. Le plus gros contrat signé par la Commission européenne au profit de ses États membres portait sur 1,1 milliard de doses du sérum Pfizer/BioNTech.

Un gâchis de doses commandées

À l’époque, les pays se battaient pour obtenir ces produits et ont passé des commandes largement supérieures aux besoins. Depuis, la succession de variants du virus a rendu ces vaccins obsolètes, remplacés par de nouvelles versions adaptées. Résultat ? On jette. Le calcul de la perte financière a été réalisé sur la base des prix par dose révélés dans la presse pour chaque fabricant de vaccin, ou bien alors sur base ’un prix moyen de 19,39 euros s’agissant des pays où seul le nombre total de doses détruites a été communiqué.

En termes de volume, l’Allemagne, à elle seule, a jeté 83 millions de doses, et l’Italie, près de 50 millions. Suivent ensuite les Pays-Bas (plus de 16 millions) et l’Espagne (13,8 millions). En Belgique, quelque 3,5 millions de doses ont été détruites. Ce nombre représente 6,45% de toutes les doses fournies à la Belgique jusqu'à présent - soit 54,3 millions – pour une valeur de 80,2 millions d'euros.

Quand le nombre de doses jetées est rapporté au prorata de la population, l’Estonie détient le plus mauvais ratio, avec 1,1 dose jetée par habitant. La France, à l’instar de la Pologne, la Hongrie ou la Grèce, n’a pas communiqué ses données.

1,1 milliard de doses déjà jetées

Pour rappel, l’Union européenne a acheté au total 4,6 milliards de doses, dont 2,4 milliards à Pfizer, pour les 447 millions d’habitants qui la composent. Soit… près de dix doses par habitant. Il s’agit du volume passé et à venir (jusqu’en 2027) pour les Vingt-Sept, depuis fin 2020, déterminé par onze contrats conclus entre la Commission européenne et huit laboratoires (ou alliances de laboratoires) fabriquant des vaccins contre le Covid-19, pour un coût total estimé à 71 milliards d’euros.

Depuis la fin 2020, les États européens ont reçu la livraison de 1,5 milliard doses de vaccins, soit plus de trois par habitant. Les 4,6 milliards de doses commandées, dont la vaste majorité l’a été de manière anticipée, devront-elles être réglées et livrées au cours des prochaines années ? À ce jour, cette question reste sans réponse.

Au 5 octobre 2023, selon l’ECDC, le nombre de doses de vaccins anti-Covid administrées dans l’ensemble des pays de l’Union européenne depuis le début de la crise sanitaire se chiffre à 981 millions, bien que l’Agence européenne des médicaments soutienne que seules 768 millions de doses ont, en réalité, été administrées. L’écart de 213 millions reste encore à ce jour inexpliqué.

À la même date, le taux de rappel des Européens était de 14,7% pour la quatrième dose et de 2,4% pour la cinquième, toujours selon l’ECDC. Autant dire qu’un gaspillage d’un coût de plusieurs dizaines de milliards d’euros se profile à l’horizon si les livraisons se poursuivent, dans la droite continuité de ce qui a d’ailleurs commencé à se produire ailleurs dans le monde. 

En juillet 2022, le Financial Times rapportait déjà qu’1,1 milliard de doses avaient été jetées et gaspillées à l’échelle de la planète. La gestion de la pandémie est sans doute l’un des gâchis les plus monstrueusement coûteux de l’histoire de l’Europe occidentale. Mais, tout cela ne semble pas grandement perturber Ursula Von der Leyen, à la manœuvre de ce monumental raté ! Au diable les économies !