La dizaine de « tabots » - des répliques de l’arche d’alliance sacrées dans l’Église éthiopienne orthodoxe - n’a jamais été exposée par le British Museum, ni étudiée, ni même photographiée. Respectant les consignes de l’Eglise, le musée les conserve dans un endroit où personne ne peut les voir, pas même le personnel ou des chercheurs. Seuls les membres du clergé éthiopien peuvent entrer dans la salle où ils sont conservés. Dans ces conditions, pourquoi ne pas les restituer ?

Des arguments peu clairs

Returning Heritage estime que « les exemptions utilisées par le British Museum pour conserver ces tabots sacrés qui peuvent être renvoyés en Éthiopie sans enfreindre la loi qui régit le musée ont été invoquées à tort, expliquant ses oblitérations par la volonté de préserver certaines relations internationales ». Et de préciser : « Leur conservation est honteuse pour une institution dont l'objectif déclaré est d'assurer la sécurité, la conservation, la recherche et l'exposition d’une collection ».

« Notre client cherche à obtenir du musée des informations qui, de l'avis de beaucoup, devraient appartenir au domaine public par défaut », a expliqué Tom Short, l’avocat de Returning Heritage, au Guardian. En 2019, le British Museum avait déclaré que son ambition à long terme était de prêter les tabots à une église orthodoxe éthiopienne à Londres. Ceci expliquant peut-être cela.

Normalement, c’est le Parlement britannique qui doit approuver la restitution d’objets culturels, mais les musées peuvent en renvoyer d’eux-mêmes, dans certaines circonstances. 

L’ICO a confirmé que la plainte de Returning Heritage était recevable. Une enquête est ouverte.

« Le British Museum s'est montré habile à refuser de fournir des informations à des questions auxquelles il préférerait ne pas répondre. Nous espérons que notre initiative visant à faire part au commissaire à l'information de nos préoccupations concernant la collection de tabots éthiopiens du musée encouragera une plus grande transparence », a déclaré Returning Heritage

Il est à noter que le prestigieux musée traverse une période compliquée après le vol avéré et la revente d’œuvres dont il avait pourtant la charge. Un scandale qui a coûté sa place au directeur. Depuis, de nombreux pays réclament régulièrement le retour de reliques. Le Chili, la Grèce, le Bénin, entre autres, estiment avoir été volés de leurs vestiges et objets.