- Je suis Marc, un des amis new-yorkais d’Alexis… Il lui apprend que son fils Alexis est dans le coma. Il a déjà pris deux billets pour New York et propose de venir la chercher. 

Qui est cet homme ?… Que lui cache-t-il ?

Bastia, été 1997…

La Baule, le même été… Le moment tant attendu par le petit garçon, Optimist en début d’après-midi et la plage avec son grand-père ! « Dans la vie, il y aura toujours un plus gros bateau que le tien » dit Bon-Papa à Alexis. Et Bonne-Maman d’ajouter : « D’ailleurs, peu importe la taille du bateau, mon petit : l’eau est aussi froide pour tout le monde. » 

En cette fin d'après-midi, Alexis regarde donc ses nouveaux camarades jouer au foot, sans participer. Il aime bien le sport: faire des régates, courir, nager surtout; mais pas le foot, encore moins quand il s'agit de jouer en chaussures de ville et de se prendre au sérieux pour épater les filles. Il pourrait sans difficulté courir en criant, taper dans le ballon, bousculer un peu les autres. Faire illusion, en somme. Ça ne serait pas compliqué. Mais à quoi bon ? Faut-il se conformer pour se mettre « à l'unisson » ? Au fond, il sait pertinemment que, quoi qu'il fasse, il est différent.

Le Cap Corse, 16 août 2003. Marc rentre d’une petite crique isolée en scooter, Mattéo derrière lui. La nonchalance, le temps qui se dilate,  l’insouciance. L’été

Nantes, Octobre 2009. Devant la tombe, la montre de son grand-père au poignet, Alexis regarde ces aiguilles qui tournent et emportent tout sur leur passage. Le doute n’est plus permis; son grand-père a toujours su et il l’a aimé en dépit de « cela », peut-être même plus à cause de « cela ». Il citait souvent René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront. »

Un bruissement, d’abord imperceptible, puis de plus en plus proche. Des centaines de milliers d’étourneaux se rejoignent et volent ensemble. Une forme noire qui bouge dans le ciel, se forme et se déforme sans cesse. Une chorégraphie céleste. Magique et maîtrisée. Des murmurations…

Bon-Papa disait pourtant que l’homme ne vit pas sur la terre, mais sous le ciel…

New York, novembre 2016. Marc s’approche de la vitre et regarde les bateaux naviguant sur l’Hudson. Des bateaux de croisière, des ferries de marchandises, des navettes rapides, des yachts, des voiliers et même quelques kayaks. Ils s’évitent soigneusement et ont tous une direction, un cap précis.  Mais son cap à lui ? 

Il se rappelle la Corse et son père. « Il n’y a pas de vent favorable à un bateau sans cap. » Une larme coule sur sa joue. Et puis…

Quelque part en août 2017. Alexis promène ses yeux sur la mer. A cet instant, il ne peut envisager son avenir sans Marc. Il l'embrasse. Ses yeux verts semblent ouverts sur l'infini. Ils vont trouver. Le soleil vit ses derniers instants et la mer tout entière ruisselle de son sang. Alexis se dit qu'il faudrait pouvoir mourir ainsi : petit à petit, mais en pleine lumière. Mourir comme meurt le soleil sur la Méditerranée. Lentement, sereinement. Entouré de ses proches, comme des flots embrasés à qui l'on offre ses derniers éclats.

Octobre 2019. Catherine et Marc ne se connaissent pas mais ils n'ont plus le choix. Ils doivent se faire confiance. Le début d'un long voyage sur le chemin de la vérité. Au bout d'une nuit qui semble ne jamais vouloir finir. Peu à peu, celle-ci réalise qu'elle ignore des pans entiers de la vie de son enfant, de son homosexualité.

Avec Une nuit sans aube, Benoit d'Halluin livre un premier roman puissant sur les secrets de famille, l'acceptation de la différence et la difficulté d'aimer. Entre suspense et passion, une écriture d'une grande justesse qui raconte les désirs et les incertitudes d'aujourd'hui. 

Une nuit sans aube – Benoît D’Halluin – Éditions XO – 2022 – 9782374484181