Nous vous en parlions déjà en 1998, souvenez-vous. Le sujet est désormais collector, tant le fossé est abyssal entre les forces de l’ordre et une partie de la population qui estime que les corps de police de notre pays sont incompétents, un cliché simpliste alimenté par de dangereux gauchistes opiomanes. Effet pervers de cette pensée hallucinogène : le « même pas peur ». Les policiers doivent faire face à un manque de respect croissant et à une violence accrue. La pression est chronique. Comment se débarrasser de ce « cor » enraciné qui alimente un sentiment d’insécurité ? Avec fermeté !

De l’insubordination citoyenne

Faire respecter l’ordre est devenu un périlleux exercice, presque d’équilibriste. En 2020, le syndicat libéral SLFP Police réalisait un sondage. Chiffres noirs, sur 4.100 répondants - soit 8% du secteur - plus de 75% des policiers déclarent avoir été confrontés dans les douze derniers mois à de la violence verbale, rébellions, outrages, menaces et intimidations.  Plus de 38% déclarent aussi avoir été victimes de violence physique. Une base de données (Misi) répertorie depuis 2017 les violences faites aux forces de l’ordre. En moyenne, il faut compter 12.000 faits de violence par an, soit 35/jour. Estimant courageusement que « cela fait partie de leur travail »,
67% de ces policiers ont déclaré ne pas avoir rédigé de procès-verbal. Et seulement 46% l’ont fait pour des agressions physiques. Et puis, il y a aussi le sentiment d’impunité vis-à-vis de ces auteurs de violences : près de 35% des plaintes pour coups et blessures envers les forces de l’ordre passent à la trappe des classements sans suite, contre seulement 13 % des plaintes pour coups et blessures entre citoyens « civils ».

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Des zones de non-droit

Les attaques à l’intégrité physique et morale de nos policiers ne sont pas sans conséquences. Ces agents ont pour la plupart subi des jours d’incapacité de travail pour cause de blessures ou burn-out, ce qui impacte aussi directement en termes d’organisation et de coûts : en moyenne 95.000 jours d’absence pour raison médicale, soit 61 policiers et policières indisponibles, ce qui représente un surcoût budgétaire de 2,745 millions d’euros essentiellement à charge des zones de police et du service intervention. Les conséquences sont aussi psychologiques : 15% des sondés évitent d’avoir des contacts avec certains publics pour ne pas se mettre en situation délicate, 15,2% se sentent stressés au travail et 7% se déclarent victimes d’un syndrome de stress post-traumatique. Ce contexte participe à la constitution de zones de « non-droit » où sévit le narcoterrorisme. Fusillades, braquages, meurtres, les appétits sont aiguisés, y compris en provenance de l’étranger. Dans certains quartiers, Bruxelles est déjà devenu un petit cartel de Medellin et ce n’est que la face émergée de l’iceberg.

Des voyous sans foi ni loi

Pour Thierry Belin, secrétaire national du Syndicat du personnel de police et de sécurité (SNPS), le respect de l’autorité est en chute libre dans une frange grandissante de la population. « Si la majorité de la population respecte le savoir-vivre ensemble et apprécie notre présence et nos interventions,
des individus malfaisants refusent les contrôles et nos règles de vie. Je les vois venir, que l’on ne me parle pas de délit de faciès ! Il faut arrêter les stéréotypes. Il n’existe pas de violence systémique, comme il n’existe pas de profilage ethnique. A l’heure où l’on est censé être sur les bancs du savoir, quelle que soit la nationalité ou les origines, on ne traîne pas dans la rue et on ne traîne pas non plus devant les écoles pour essayer de fourguer des substances illicites ! Et force est de constater que ce sont toujours les mêmes qui défient l’autorité ! »

Le laxisme, un mauvais signal

La zone de police Midi - un territoire de 26,5 km2 qui regroupe les communes d’Anderlecht, Forest, Saint-Gilles - cristallise particulièrement une série de problèmes qui ne cessent de s’aggraver. Les statistiques de criminalité sont effrayantes. C’est la pire zone du pays. « Mais, on va être très clair, pour certains partis politiques, les communautés qui y sévissent sont un vivier électoral. Et lorsque l’on recherche des votes, on pratique le laisser-faire. C’est quoi le message que l’on envoie à la population ? Il faut des sanctions sévères à l’encontre d’un voyou pour qu’il ne devienne pas un modèle pour d’autres et surtout pour assurer la sécurité du plus grand nombre. Durant cette législature, j’ai vu passer des propositions de toutes sortes : faire venir des policiers dans les écoles pour expliquer les métiers de la sécurité ou encore des sensibilisations au respect mutuel. Cela me fait franchement sourire ! Ce ne sont pas les gamins qui vont à l’école qui posent un problème. C’est ceux qui n’y sont pas et qui traîne là où ils ne devraient pas ». 

De la tolérance zéro pour de vrai

En 2022, Alexander De Croo déclarait : « La violence contre la police est quelque chose que l’on n’accepte pas. On a fait des pas en avant, mais le travail n’est pas fini ». C’est le moins que l’on puisse dire ! Malgré les promesses de « tolérance zéro » de Vincent Van Quickenborne (Open VLD) à la Justice et d’Annelies Verlinden (CD&V), à l’Intérieur, peu d’initiatives ont été suivies d’effets. L’heure n’est plus aux circulaires, task forces, concertations et rapportages stériles. A Bruxelles, malgré le déni du Ministre-Président Rudi Vervoort (PS), l’insécurité se ressent dans tous les quartiers de la Région, avec en sus la crainte de prendre une balle perdue !

Notre police est un des modes d’expression de l’autorité dans un Etat de droit. Elle est aussi la gardienne de nos libertés fondamentales dans une démocratie. Pour endiguer le phénomène, il n’y a pas de recette miracle. Fini le trop lentement, le pas assez sévèrement et le relâcher facile ! Stop aussi aux journalistes mal-pensants qui alimentent une polarisation anti-flics contre-productive de sens au profit d’ « éditocrates » mainstream à la solde d’une gauche prête, en échange d’aides à la presse, à ruiner la sécurité du pays par pur clientélisme, le pire des cors au pied. Non, vraiment, nos policiers n’ont rien à se reprocher, sauf peut-être d’aimer leur métier : servir la nation. Il serait plus que temps de leur rendre une image institutionnelle positive à tous les niveaux de pouvoir.