Salus Patriae Suprema Lex (Le salut de la patrie est la première loi) titrait le PAN le 27 juin 1962. Appelé « le général le plus décoré de l’armée française », l’état de service de Raoul Salan et son action illustre de façon éclatante l’histoire militaire de la France, des tranchées de la Première Guerre mondiale à la bataille d’Alger. Et pourtant, l’homme sera à maintes reprises victimes de palinodies politiques de la part d’un pouvoir qu’il n’aura jamais vraiment réussi à séduire, avant de basculer.
L’affaire du bazooka
En novembre 1956, Salan est nommé commandant interarmées en Algérie. En défenseur de l’Algérie française, colonie depuis 1830, il s’oppose fermement à toute velléité indépendantiste. En janvier 1957, il échappe à un attentat au bazooka. Deux roquettes sont tirées, depuis l’immeuble voisin, contre le bâtiment militaire qui abrite son bureau. Salan, qui développe déjà des doutes sur le monde politique français, soupçonne un complot fomenté à Paris par des personnalités de premier plan de l’époque. L’enquête n’aboutira jamais.
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De Gaulle et Salan
Les rapports entre Salan et de Gaulle ne seront jamais au beau fixe et très en dents de scie. Depuis l’Indochine, les frictions ne manquent pas entre les deux hommes. Après le coup d’État du 13 mai 1958, le général de Gaulle, de retour au pouvoir, nomme Salan délégué général du gouvernement en Algérie en juin 1958. Il le décore même de la médaille militaire en juillet suivant, mais le remplace par le général Challe au mois de décembre de la même année. Deux ans plus tard, partant à la retraite en 1960, Salan se voit interdire d’habiter à Alger…
Le point de bascule
L’image militaire du général Salan sera définitivement brouillée par l’affaire de l’OAS (Organisation Armée Secrète). Partisan de l’Algérie française, il participe, en avril 1961, au putsch des généraux à Alger, puis devient le chef de l’Organisation. Le but de la manœuvre : les généraux Salan, Challe, Jouhaud et Zeller, soutenus par des officiers et des partisans de l’Algérie française, s’opposent à la décolonisation du pays et tentent de renverser le gouvernement français. Le putsch échoue en grande partie en raison du manque de soutien populaire et de la résistance de l’armée loyaliste. Il marque un tournant dans la guerre d’Algérie et contribue à accélérer le processus d’indépendance.
La page arrachée
Condamné à mort par contumace le 11 juillet 1961, Raoul Salan est arrêté à Alger le 20 avril 1962. Sa peine sera commuée en détention à vie le 23 mai. Il est amnistié en 1968 et réhabilité en novembre 1982. Auteure d’une biographie sur son père (Raoul Salan. Le destin d’un homme simple). Dominique Salan affirmera en 2003, « nous avons définitivement basculé dans la clandestinité avec mon père ». Ce qui ne représente qu’une année de sa vie a marqué à jamais l’image qu’a retenue de lui l’Histoire : l’Algérie ou la page d’un livret de famille arrachée …