C’est la première guerre conventionnelle entre deux puissances occidentales d’un niveau militaire assez proche depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il y a 42 ans, le 2 avril 1982, la junte militaire argentine envahit l’archipel des Malouines - les îles Falklands pour les Anglophones - et provoque une guerre de 74 jours avec le Royaume-Uni. La réaction de Margaret Thatcher est digne de son surnom de « Dame de Fer » : la flotte britannique est envoyée séance tenante à l’autre bout de l’Atlantique. Au terme d’une guerre de trois mois, qui coûtera la vie à 649 Argentins et à 255 soldats britanniques, l’armée argentine est vaincue.

C’est bien connu, les petites anecdotes forment la grande Histoire. En 2012, les Britanniques accèdent à des centaines d’archives nationales qui révèlent les coulisses des décisions politiques de l’ancienne première ministre. Surprise par l’invasion, elles révèlent que ce fût politiquement « le pire jour de sa vie », qu’elle était « terrifiée » à l’idée d’envoyer une force maritime pour récupérer ce territoire colonial. Mais, que la perte de cette guerre aurait été « la plus grande humiliation pour la Grande-Bretagne ». Sur sa volonté d’éviter des pertes humaines trop importantes, ces documents déclassifiés révèlent aussi le contenu d’un télégramme écrit par Margaret Thatcher et qui devait être envoyé à Leopoldo Galtieri, à la tête de l’Argentine depuis novembre 1981 : « Avec votre expérience militaire, vous n’avez aucun doute quant à l’issue du conflit. Dans quelques jours, le drapeau britannique volera de nouveau à Port Stanley. Dans quelques jours aussi vos yeux et les miens vont lire les listes des victimes. De mon côté, le deuil sera tempéré par la connaissance que ces hommes sont morts pour la liberté, la justice et la primauté du droit. Et de votre côté ? Vous seul pouvez répondre à cette question ». La suite, on la connaît. Le conflit se termine le 14 juin 1982 par un cessez-le-feu qui pave aussi la voie à la démission de Galtieri. Le gouvernement de Margaret Thatcher sort, quant à lui, renforcé de cette victoire. Le parti conservateur remporte haut la main les élections en 1983. Une ère nouvelle s’ouvre pour Tatcher. Sans les Malouines, elle ne serait sans doute pas devenue l’héroïne de l’économie de marché des années 80.

Autre anecdote tout aussi historique : la « Dame de fer » demeurera jusqu’à sa mort en 2013, la femme la plus détestées par les Argentins. Quand Galtieri décèdera en 2003, la presse nationale titrera : « Galtieri attend Thatcher en enfer ». C’’est tout dire !

Depuis, les chefs d’État argentins successifs ont toujours contesté la souveraineté britannique sur l’archipel. A l’identique, pendant sa campagne, Javier Milei, le nouveau président argentin a réaffirmé que « la souveraineté de l’Argentine sur cet archipel n’était pas négociable ». Une prise de position classique et consensuelle en Argentine. Londres reste toutefois inflexible. Le gouvernement britannique réaffirme régulièrement qu’aucune négociation n’est envisageable sur la question. Quant aux autochtones, en 2013, 99,8 % des 3000 Malouins se sont prononcés par référendum pour conserver leur statut de territoire britannique d’outre-mer.