Le mercantilisme européen est un échec ;
la spiritualité congolaise, un atout.
La situation géographique n’induit pas un déterminisme civilisationnel. Le Japon, par exemple, a largement intégré l’Occident quoiqu’étant en Extrême-Orient; et il n’a pas non plus renoncé à sa culture. Et à l’inverse, les Peuples d’Europe, pour ne citer qu’eux, dissolvent leur ancrage culturel dans un gloubi-boulga multiculturel dont l’on aperçoit de moins en moins les contours. Mais l’Afrique, outre ses propres traditions, a préservé l’héritage judéo-chrétien à un niveau inégalé. Le Congo en est un exemple en dépit de situations particulières.
Ce n’est pas un Européen mais un Africain, un Guinéen, le célèbre Cardinal Robert Sarah, qui multiplie les appels à l’affirmation des valeurs fondatrices: «Si nous ne sommes plus capables d’enseigner la doctrine, la morale, ou de donner l’exemple et d’être des modèles, alors la crise s’avère gravissime. Qui défendra les brebis si, les laissant à leur sort, les pasteurs prennent peur et fuient face aux loups?». Traduction de cette sémantique ecclésiastique: à défaut d’un socle fort, identitaire, les sociétés se délitent. Le réel lui donne raison. En Europe, la tolérance a dérivé en permissivité et celle-ci en chaos. L’enseignement baisse constamment de niveau; ce qui augure du pire de génération en génération, car les potaches d’aujourd’hui seront les enseignants de demain. Corollaire de ce déclin mental, le discernement faiblit et le relativisme s’étend par un réflexe absurde de repentance compulsive. Au final, tout s’édulcore: les acquis civilisationnels du christianisme mais aussi les fondamentaux antérieurs gréco-latins. L’apport des lumières a paradoxalement été à l’origine de cet affaiblissement par la désacralisation. N’en affligeons pas les génies qui ont constitué ce courant de pensée; ceux-ci ne sont pas comptables de la médiocrité de trop de leurs successeurs. Cette auto-destruction collective offre un boulevard à l’islam dont le prescrit fondamental qualifie de monde où il faut porter la guerre («dar al-harb»), tout territoire qui n’entre pas en conversion ou en dhimmitude. Le suicide occidental a ouvert la voie à une déferlante mortifère contaminant largement le territoire européen par une immigration pratiquement sans contrôle; des invasions barbares dont résulte l’insécurité croissante. Et la donne change de ce fait, y compris en Afrique. Il est temps de redresser d’inverser ce processus décadent.
Le matérialisme empreint de consumérisme caractérise malheureusement l’Union européenne. Des lobbies mercantiles y grouillent, «sans-frontièristes». Ces derniers sont en échec, en plus: dans son rapport sur l’avenir du marché unique européen présenté au Conseil européen de ce mois-ci, Enrico Letta, l’ancien Président du Conseil italien Enrico Letta, alerte à propos du décrochage compétitif de l’Europe et son déclin économique. Sinistres petits hommes gris.
Les mêmes et leurs clones américains déterminent les standards des comportements à imposer au Congo via notamment les flux financiers de coopération internationale. L’exemple de l’avachissement sociétal européen ferait bien de faire réfléchir les Congolais. Est-ce cela qu’ils veulent voir propager au pays ? Outre le matérialisme sans âme ni dessein des petits hommes gris, qu’escompter de la part de religieux tièdes qui œuvrent à la perte de ceux qui les suivent ? Frédéric Saint-Clair l’a judicieusement relevé, in «Le Christ guerrier»: «Le christianisme papal apparaît à la fois comme porteur d’une impuissance propre et comme vecteur de cette impuissance. Comment, dans ces conditions, éviter que l’Église dans son entier ne subisse le sort du martyr, qu’elle meure en bénissant l’islamiste qui l’égorge?». Or, au Congo, la foi n’est pas vécue comme un effacement; c’est même une fierté. Et c’est une force ! Au suicide des uns répond le renouveau incarné par le Peuple congolais qui s’affirme lentement mais progressivement. Dans les territoires, mieux encore qu’à Kinshasa, la spiritualité domine. Sera-ce du pays profond que viendra le rejet du matérialisme qui stérilise graduellement les zones urbaines africaines après avoir détruit le tissu social européen ? La comparaison des situations mérite d’être étudiée. Il est certes peu probable que le Congo parvienne à la tête de l’Occident, mais il se peut que son apport soit plus profond: le respect de la spiritualité.