L’Église catholique rappelle aux politiques le sens de Pâques
Les succès économiques ont été accomplis par des investisseurs privés ayant réussi à surmonter la prédation administrative et politique. Autrement dit, le milieu politico-administratif entrave délibérément le développement, et ne réussissent que ceux qui sont plus forts que cette mouvance parasitaire. Sinon, l’entreprise périclite ou ne voit jamais le jour.
À ce train-là, soixante-quatre ans d’indépendance de plus n’y suffiront pas. Il serait injuste de fustiger le pouvoir actuel, car il n’a pas le monopole de l’incurie. Les gouvernements se succèdent depuis le 30 juin 1960; bilan global mitigé pour ne pas dire désastreux. Le «pays solution», comme il se présente au monde, reste avant tout un vaste nid à problèmes. Essentiellement à cause d’une mentalité qui demeure celle de chasseurs-cueilleurs confrontés au XXIème siècle, l’idée de produire y passe encore pour un comportement étrange. Et l’entretien des équipements est annihilé à cause de la même tare: ils sont utilisés au jour le jour jusqu’à leur dégradation totale. Demain n’est pas anticipé. L’évocation de cette réalité ressemble à un refrain lassant, tant quiconque connaît le pays en a conscience. Toutefois, l’évidence de ce constat se heurte à l’inertie: pas d’initiative. Un espoir, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a une expérience européenne, belge en particulier, et il a au moins le mérite d’en appeler au changement de mentalité.
« la joie de la résurrection contraste avec la crise multiforme aux conséquences humanitaires graves »
À l’inverse, si le Congo a une structure stable, c’est celle de l’Église catholique: son organisation, ses clercs et ses fidèles. Le catholicisme est doublement millénaire. Le clergé catholique l’est presqu’autant. La CENCO (Conférence Épiscopale Nationale du Congo) s’inscrit dans une tradition catholique à l’épreuve du temps; davantage que n’importe quelle institution du pays. Et elle tente une prise de conscience à l’occasion de Pâques: «la joie de la résurrection contraste avec la crise multiforme aux conséquences humanitaires graves». Diplomatiquement déclaré. Malheureusement, ses appels à un monde meilleur sont souvent mal perçus par le microcosme politico-administratif. Le civisme heurte la mentalité. Le Maréchal Mobutu avait favorisé la croissance des kibanguistes afin de tenter de contrer l’influence catholique. À présent encore, des pasteurs proches du cercle présidentiel espèrent obtenir un traitement privilégié, à l’instar des kibanguistes, en offrant leurs services anti-catholiques. Des pasteurs, des apôtres et même des prophètes évangélistes, pas angéliques; en fait, des gourous de sectes dont les adeptes fanatisés, sous emprise, sont enclins à leur attribuer des miracles. AFRICA INTELLIGENCE a relevé à quel point ce lobbying était actif: « le président congolais a élevé aux postes de conseillers à la présidence une poignée de pasteurs pentecôtistes qui, tout en continuant à exercer leurs ministères, multiplient les interventions dans les domaines politique, diplomatique et économique ». Ce ne sont pas ces pasteurs affairistes qui vont contribuer au changement de mentalité. Que du contraire !
Au milieu de cet enfer, au sens biblique du terme, la CENCO « recommande aux Congolais de lutter contre les antivaleurs pour ressusciter avec le Christ et sortir de la misère »; ajoutant « une autre chose est certaine: si le peuple congolais tout entier, bénéficiaire des ressources naturelles énormes, accepte de mourir avec le Christ, se défaire de ses antivaleurs et de vivre l’amour du Christ, avec Lui il ressuscitera. S’il vit avec lui, avec lui il règnera. Il sortira de ses tombaux de la guerre et de la misère pour la gloire de Dieu ». Le style est ecclésiastique mais le fond est approprié: la culture du chasseur-cueilleur a pris un tour désastreux au contact de la vie moderne. Se servir se traduit par du vol. Quant à l’État, il s’agit de le dépecer à l’instar de l’éléphant que l’on se partage en brousse. Au fond, la foi catholique est un moteur plus solide que les mots d’ordre d’ONG infestées de pieds-tendres ou le formatage mondialiste des consciences, prôné par les petits hommes gris des institutions internationales. N’en déplaise aux laïcards, l’Église catholique, actuellement comme autrefois, demeure la seule structure stable et apte à poursuivre la longue évolution du changement salutaire de mentalité.