Défenseur d’une anthropologie fondée sur une conception conservatrice de la nature humaine, figure canadienne du mouvement anti-woke, Jordan Peterson (62 ans) a acquis, de manière fulgurante ces dix dernières années, une notoriété mondiale. Après un long bras de fer avec la justice, la mise au pas est confirmée. Il est condamné par son Ordre à suivre un stage de « bonne conduite », pour « corriger l’expression publique de ses convictions ». Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois !
Un franc-parler en croisade
Diplômé en sciences politiques et en psychologie de l’université d’Alberta, titulaire d’un doctorat en psychologie clinique de l’université McGill, professeur titulaire à l’université de Toronto et à Harvard, auteur de plusieurs best-sellers traduits dans plus de 50 langues, Jordan Peterson est un véritable phénomène, ce qui lui a valu d’être qualifié par le New York Times d’ « intellectuel actuel le plus influent du monde occidental ». Sur X/ex twitter, il est suivi, pour son regard critique, par plus de 5,4 millions de personnes. Sur YouTube, ils sont 8 millions d’abonnés. Son crédo ? L’enseignant-chercheur s’interroge sur l’angle victimaire qui est sciemment choisi par la classe politique et les médias pour parler des minorités dans nos sociétés occidentales. Parangon du retour à l’ordre naturel, il s’érige en rempart contre le wokisme qu’il qualifie d’« idéologie mortifère d’extrême gauche, postmoderniste et néomarxiste, infantilisante et vautrée dans la culpabilité permanente ».
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Un crime d’opinions
Effet « Moraline », il n’en fallait pas plus pour que Jordan Peterson s’attire, outre-Atlantique, les foudres d’une bien-pensance moralisatrice de gauche dont il est devenu la cible. Celui qui ne consulte plus depuis 2017 a été épinglé par l’Ordre des psychologues de l’Ontario en novembre 2022 pour « des prises de positions publiées sur les réseaux sociaux contraires à l’éthique ». Il s’est notamment fait tirer les oreilles pour s’être opposé publiquement, en matière de transidentité, « aux bouchers et aux menteurs qui soumettent les enfants à la stérilisation et à la mutilation ». La sanction ? Du jamais vu ! Il doit suivre un stage de mentorat supposé l’aider à « s’exprimer avec plus de tact » sur ses plateformes. Dans la négative, il sera radié ! Une décision que Jordan Peterson a refusée, avec arguments.
Direction : la rééducation !
Prenant le contrepied de l’acceptation exponentielle de toutes les revendications minoritaires, sexuelles, de genre et autres originalités, il renvoie ses détracteurs en réflexion avec cette punchline : « pour pouvoir faire réfléchir, il faut prendre le risque d’être offensant ». Eh bien non ! Exit la liberté d’expression. En janvier de cette année, la Cour d’appel de l’Ontario avait jugé la décision de l’Ordre « adéquate, équilibrée et raisonnable ». Entre franc-parler et politiquement correct, cette fois, c’est la Cour suprême canadienne qui a tranché en défaveur du premier. Elle valide, à la mi-août, la sanction disciplinaire prise à son encontre par l’Ordre des psychologues. Commentant sa défaite judiciaire, Jordan Peterson a publié un tweet cinglant : « on m’envoie dans un camp de rééducation. Je suis victime d’une condamnation rappelant les régimes totalitaires communistes ». Si les progressistes décérébrés crient victoire, la sentence surréaliste révèle à tout le moins une image peu rassurante de nos démocraties contemporaines. Face aux diktats du plus grand nombre, peut-on encore penser ? « Ils veulent que je fasse une rééducation qui occupera une partie de mon temps. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’elle échouera de toute façon ! », a souligné Peterson. Nous voilà rassurés !