Il aura fallu ces premières élections pour que l’on apprenne que la boisson préférée du bourgmestre de Bruxelles la ville-monde, était... le thé. Après avoir claqué 90 briques du contribuable pour célébrer la bière, un de ses projets-signature datant de 2014 - 10 ans déjà ! -, un petit clin d’œil communautariste n’était sans doute pas de trop pour éloigner la menace du PTB et se maintenir, quoi qu’il en coûte, en premier parti de la gôche.
Il faut dire que l’homme du passif – au sens comptable du terme – n’a pas ménagé sa peine : on l’a même vu danser entre hommes dans un petit caberdouche apparemment peu enclin à accepter les dames (voilées ou non) et dépourvu de toutes commodités intersectionnelles dévolues à l’accueil des transités du genre. Un comble ! Une intégration chasse l’autre mais baste, il faut bien l’observer : le PS, pris d’un vertige électoral, aura chassé le barbu comme d’autres la gallinette cendrée.
Des chiffres pour aller pouffer
Malgré ce coup de rein culturel, les résultats ne débordent pas la demi-teinte de gros rouge qui tache. Pour faire simple, presque tous les partis bruxellois ont augmenté leur masse électorale d’environ 50 % (MR, PTB, Les Engagés) tandis que les 2 suceurs de roue du PS (Écolo et Défi) adoptaient la même tendance... mais à rebrousse-poil : plus de 50% en moins pour les abdicateurs de la défense des Bruxellois francophones et les chantres chlorophylliens d’un vélodrame (sic) nommé Good Move.
A quelque chose malheur étant toujours bon, Maingain senior a dû se délecter d’un Schadefreude à la sauce triple A devant la tête toute dépitée de François De Smet (Défi). De l’autre côté de la bande de loosers, libéré (du moins l’espère-t-il) de ses aventures capitalistes au Standard dont il vient de démissionner, l’on voyait réapparaître sur l’écran de la RTBF un Jean-Michel Javaux en arbitre des élégances, qui ne voulait pas vraiment dire que la direction bicéphale Nollet-Maouane devrait payer le prix de la débandade... Tout en le pensant très fort.
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Mauvaise anticipation, Javaux perdait l’occasion de se taire puisque les 2 céphales* démissionnaient lundi midi tandis que, décidément rien ne va plus en Verdurie, Alain Maron, le céréalier du bitume, déclarait le même jour en soirée que « Rajae Maouane et Jean-Marc Nollet, sont toujours responsables de la co-présidence : Ils ne sont pas vraiment partis. » Ils ne sont plus vraiment là non plus. Nullet, c’est le chat de Schrödinger.
Et le PS, nous direz-vous ?
Grande première, plutôt que d’aller plastronner sur des mensonges victorieux, toute la clique du PS a choisi de filer doux dimanche soir, refusant d’une même voix de s’adresser aux micros de la maison-mère, la très subsidiée RTBF. Y compris le hagard de Mons, pourtant jamais en retard d’une saillie.
Il est vrai que la Wallonie pourrait tenter la bipartite MR-Les Engagés et laisser toute la bande des taxateurs compulsifs au bord du chemin. Une tentation beaucoup moins évidente à Bruxelles où, après une bonne nuit de sommeil et sans doute une bouillotte à la théine, les idées se sont raffermies. Close, désormais député, parvenait même à articuler chez BX1 : “Les trois partis qui se revendiquent de la gauche se rapprochent voire dépassent les 50%”. Les citoyens ont plus choisi les mouvements de gauche que la droite (…) Aujourd’hui, ce sont les forces de gauche qui progressent”. Un peu comme le réchauffement climatique de ces 8 derniers mois : la pluie est plus sèche et le soleil de moins en moins humide. Bref, avec 2 partis sur trois qui reculent, il paraît inutile de nier que la gauche a signé un grand bond en avant.
Le retour des chaises musicales
L’analyse plus fine des résultats vient malheureusement ternir un rien le lustre du raisonnement déjà fort dégarni de notre camarade. Car si le PS recule à peu près partout en Wallonie, il demeure totalement monolithique à Bruxelles : 85.929 voix en 2024 contre 85.530 voix en 2019. En termes de progression (0,02%), il y a mieux. Ensuite, notons que notre cher bourgmestre qui se permet de dire « 12.610 x merci » oublie de dire que ce chiffre comprend « ses » voix et les voix dévolues de la case de tête. Dans le monde réel que le PS s’ingénie à nier, Philippe Close aura reçu 3.834 suffrages effectifs** (canton de Bruxelles), ce qui est peu pour un homme à qui l’on permet de dépenser, en compagnie de ses amis, plus d’un milliard par an... Vers l’infini et bien au-delà.
PS-MR : l’éternel retour du jour de la Marmotte ?
S’il existe une chance que Philippe Close se retrouve à la Chambre pour dépenser encore un peu plus, l’argent du pays cette fois, tout en laissant souffler les Bruxellois, peut-être ces élections auront-elles abouti à quelque chose. Néanmoins, malgré une situation claire en Wallonie (MR + Engagés = majorité absolue de 43/75), les finances catastrophiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’impossibilité pour le MR d’atteindre à Bruxelles une majorité avec Les Engagés (28/89), voire même en embarquant Défi (6) dans l’aventure, impliquent qu’il manquera toujours 11 sièges que même le centre-droit néerlandophone ne peut apporter.
Et si le PS est incontournable à Bruxelles, se laissera-t-il contourner en Wallonie ? Sans oublier l’excellente image qu’une « trahison » du MR laisserait aux électeurs qui doivent encore s’exprimer aux communales d’octobre prochain. Avec un scénario au moins aussi tendu au Fédéral, nos politiques n’ont pas fini de faire chauffer leurs petits bouliers. Ce qui n’est jamais bon pour notre planète.
* Le céphale est un papillon appartenant à la famille des Nymphalidae. Puisqu’on vous le dit.
**Source : SPF Intérieur - https://elections2024.belgium.be