L’UE ne fait plus rêver. Elle avait apporté la paix et la prospérité, ouvert les frontières avec Schengen et l’euro, et puis les écologistes ont imposé la décarbonation par voie réglementaire, renchérissant l’énergie et entrainant la décroissance. C’est cette politique qui est massivement rejetée et qui éloigne de plus en plus les citoyens du ghetto de Bruxelles-Strasbourg. C’est l’enjeu des élections de la semaine prochaine.
On n’aime plus l’UE
Jusqu’au début des années 2000, l’UE a suscité l’enthousiasme de tous les États membres. À l’époque, la vision de l’UE était de créer du bien-être et de la prospérité pour tous les citoyens européens afin de garantir la paix. Les données d’Eurostat montrent le désenchantement à l’égard de l’UE. L’État membre le plus europhile était l’Italie, où 75 % de la population avait confiance dans le Parlement européen en 2002, mais cette donnée s’était effondrée à 38 % en 2020, pour remonter — si l’on peut dire — à 54 % en 2023. Pour la Belgique, les 70 % de 2004 se sont écroulés à 53 % en 2023.
Il me semble qu’il y a plusieurs raisons qui expliquent l’indifférence des citoyens.
Les députés, premiers coupables
D’abord, les députés qui se sont cachés à Strasbourg. Qui a vu Frédérique Riess, Olivier Chastel ou Benoît Lutgen tenter de faire aimer l’UE à leurs électeurs ? Si Maria Arena ou Marc Tarabella ont été cités, ce n’est pas pour rehausser l’image du Parlement. Oh, ils ont certainement fait quelque chose à Strasbourg. Prenez Riess et Chastel, par exemple : ils ont systématiquement voté avec l’écologiste Lamberts. Pire encore, c’est Frédérique Ries qui a inventé les bouchons de bouteilles d’eau inamovibles. Lorsque vous vous débattez avec un bouchon de bouteille, rappelez-vous qu’il y a des écologistes dans chaque parti. D’autres sont plus discrets, comme Guy Verhofstadt, qui pensait plutôt à sa Toscane lorsqu’il a été mis sur la touche. Comme lui, on se demande ce qu’Elio Di Rupo apportera au développement de l’UE après avoir occupé tous les postes possibles en Belgique.
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Le traité de Maastricht à l’origine de nos maux
Ils étaient 705 à Strasbourg et nous allons en élire 720. C’est beaucoup trop. Pour leur donner du grain à moudre, ils exploitent le traité de Maastricht, qui donne au Parlement européen un pouvoir législatif qu’il n’avait pas auparavant. Bien qu’ils n’aient pas le droit d’initiative, par le biais de résolutions, ils demandent à la Commission européenne de proposer des textes législatifs qu’ils vont ensuite longuement débattre, amender en profondeur et adopter.
Au cours de la législature qui vient de s’achever, ils ont adopté près de 500 textes. Il s’agit pour la plupart de directives, qui doivent ensuite être « transposées » dans chacun des États membres, soit plus de 10 000 textes législatifs, dont les fonctionnaires de la Commission doivent d’abord vérifier la bonne transposition, puis assurer le suivi tout au long de leur vie pour s’assurer de leur bonne application. Cette inflation législative crée une satisfaction pour les députés européens qui montrent ainsi qu’ils existent et entraine beaucoup de travail pour les fonctionnaires des États membres et de la Commission. Il faudrait limiter radicalement le pouvoir législatif du Parlement européen. Lorsque nous aimions l’UE, c’était parce qu’elle fonctionnait bien et qu’elle répondait aux attentes des citoyens sans bureaucratie : c’était avant Maastricht !
Je reconnais que j’étais favorable au traité de Maastricht lors du référendum. Mais les faits irréfutables m’obligent à reconnaître mon erreur. Dans mon dernier livre, je montre que si nous n’avions pas eu ce traité, le prix de l’énergie n’aurait pas flambé.
Paix et prospérité
Il y a une raison plus profonde qui nous ramène à ce que nous avons dit au début. L’UE s’était fait aimer parce qu’elle a apporté la paix et la réconciliation à une Europe exsangue après les deux guerres mondiales, grâce à la prospérité ; elle avait utilisé la croissance économique pour lutter contre un régime soviétique liberticide et bureaucratique. Le résultat a été brillant, et ne serait-ce que pour cette raison, nous devons rester convaincus de la nécessité de l’UE.
Après ce succès, il fallait trouver une nouvelle métaphore, pour reprendre l’expression de Marc Luik, qui avait travaillé avec Jacques Delors pour donner un nouveau souffle à l’UE. Lorsque José Manuel Barroso est devenu président de la Commission, il s’est rendu compte assez vite que sa stratégie en trois volets ne menait nulle part. Il voulait assurer le succès de l’élargissement à l’Est, mais sous la pression du socialiste Tony Blair, les huit anciens États membres communistes ont reçu moins d’aide financière que l’Espagne et le Portugal réunis lorsqu’ils ont adhéré à l’UE. M. Barroso voulait assurer la sécurité des citoyens, mais les États membres lui ont fait comprendre que ce n’était pas de son ressort. Le Portugais voulait réussir la stratégie de Lisbonne, qui visait à créer l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici 2010. Ce fut un échec total.
Écologie et décroissance
On lui a suggéré alors dans son entourage de choisir la lutte contre le changement climatique, et avec l’aide d’Angela Merkel et la complicité des écologistes de tous les partis, il a réussi à transformer l’objectif de prospérité en objectif écologiste. Quand Ursula von der Leyen est arrivée, elle a donné le coup de grâce à la prospérité, au point d’annoncer fièrement le 15 mai 2023 que le Club de Rome nous avait prévenus qu’il fallait arrêter la croissance de l’économie et de la population.
Pensez-vous qu’il s’agit de messages positifs ? Limiter la prospérité et le nombre d’enfants ? Et vous vous étonnez que les gens ne s’intéressent plus à l’UE ? Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que dans le reste du monde, la recherche de la prospérité est le moteur de la croissance économique.
Il est facile de dire que l’écologie créera des emplois verts et une meilleure qualité de vie. En réalité, il a été démontré que leurs fausses bonnes idées sont destructrices de prospérité et de cadre de vie (cf. le plan Good Move). Les citoyens ont compris que si les prix de l’énergie augmentent, c’est à cause des écologistes et non pas de Vladimir Poutine. Si le prix de l’énergie augmente, tout augmente, et le contraire de la prospérité a pris racine. On se vante de réduire les émissions de CO2, mais en fait c’est à cause du déclin économique et de la délocalisation des entreprises vers des horizons où l’on cherche la croissance économique.
Le 9 juin, votons, mais élisons des candidats qui rejettent l’écologie politique et appellent l’UE à retrouver le chemin de la prospérité et du bien-être et à abandonner celui de la misère verte.