Les ressortissants étrangers ont la possibilité de faire entendre leur voix aux communales. Pour le PS, ce vote est censé « favoriser l’intégration » des non Belges. Bémol ! Le droit acquis sur fond de controverse n’intéresse que peu. Rétroactes.

En juillet 1998, la Belgique est condamnée par la Cour européenne de Justice. Elle n’a pas adapté sa législation à une directive européenne, approuvée en décembre 1994, qui confère aux ressortissants de l’UE le droit de voter dans le pays où ils résident et dont ils n’ont pas la nationalité. C’est l’expression concrète de la « citoyenneté européenne gravée dans le marbre du Traité de Maastricht », rappellent les juges. Un verdict qui oblige le gouvernement de Jean-Luc Dehaene à rentrer dans le rang au plus vite, sous peine de mise à l’amende. Seulement voilà, cela coince ! Il faut passer par une révision de la Constitution à la majorité des 2/3. Or, les flamands craignaient que la mesure ne dénature le processus électoral et qu’il ne soit exploité par les socialistes à des fins politiques, surtout en région Bruxelloise, capitale de l’Europe - et la gauche francophone espère avec ce vivier électoral contrer l’influence du Vlaams Belang. Après moultes tractations, le vote sera finalement ouvert aux étrangers européens par la loi du 27 janvier 1999 et aux étrangers ressortissants de pays tiers par la loi du 19 mars 2004.

Vingt ans plus tard, le bilan de l’ « inclusion » socialiste est bien maigre. Les inscriptions pour les communales d’octobre se sont clôturées ce 31 juillet. Si en Wallonie, près de 22% des ressortissants européens sont inscrits pour voter, ils ne sont que 8,5% en Flandre. Pour l’ensemble de la Belgique, 13,59% des ressortissants d’un pays de l’UE se sont inscrits, soit 112.833 personnes sur un total de 830.914 électeurs potentiels. Les ressortissants d’un pays tiers ont été 17.778 à s’inscrire sur un total de 233.592 électeurs potentiels, soit 7,61%. La moyenne totale des inscrits (UE et non-UE) est de 12,26% (130.611 sur 1.064.506). 

En résumé, 933.895 personnes d’origine étrangère ne s’intéressent pas à la politique belge, leur terre d’accueil. Ce qui questionne à tout le moins. L’objectif socialiste est par ailleurs raté : ce n’est pas le réservoir à voix espéré. Il va peut-être falloir sérieusement penser à revoir la stratégie du communautarisme à tout va, même si à Bruxelles, la gauche a un nouveau champion en la matière, avec Fouad Ahidar et sa « Team » ! Quant au Vlaams Belang, il est toujours là et bien là. Là aussi, c’est échec et mat.