La Flandre connaît un drame social de grande ampleur, avec les très sérieux soucis financiers du groupe Van Hool, un joyau de son industrie, qui exportait des autobus et d’autres véhicules lourds partout en Europe et dans le monde.
Aujourd’hui, il existe un risque important de fermeture de cette entreprise symbolique, et de licenciement de ses 4.500 membres du personnel, si des nouvelles sources de financement ne sont pas trouvées.
Et, même dans ce cas, il faut s’attendre à la délocalisation de la construction des autobus, vers … Skopje, en Macédoine du Nord et une perte de 1.100 emplois « belges ».
Récemment, une alarme s’était déjà produite, avec le choix, par l’entreprise publique de transports en commun flamands De Lijn, de commander des nouveaux bus électriques à l’entreprise chinoise Byd, plutôt qu’à son fournisseur habituel, Van Hool.
Il est vrai que cette fois, De Lijn avait décidé de commander des bus électriques. Les véhicules de ce type sont une spécialité de Byd, firme de Shenzhen, qui était à l’origine un producteur de batteries. Cette spécialisation, et surtout les charges fiscales et sociales plus faibles en Chine ont permis à l’entreprise chinoise de proposer une offre de 20 % inférieure à celle de Van Hool.
Celle-ci et les syndicats se sont plaints de ce choix. Difficile pourtant, vu les règles de concurrence, pour De Lijn de décider d’acheter « européen » ou « flamand » et d’imposer le surprix, soit aux contribuables flamands sous forme de subsides, soit aux consommateurs flamands sous forme d’augmentation du prix du ticket de bus …
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La perte de cette commande n’est pas la cause essentielle du drame social de Van Hool. Celui-ci est plus profond.
Il y a certes une relative impréparation de l’entreprise face au marché des véhicules électriques, qui est, dès aujourd’hui dominé par les firmes chinoises. Les bus de Shangaï et d’autres villes sont depuis plus de 10 ans passés à l’électrique, et des entreprises comme Byd se montrent, malheureusement pour les Européens et les Américains, extrêmement compétitives sur ce marché, au point de dépasser Tesla elle-même sur le plan mondial.
Mais, pour se montrer suffisamment « verte », la région flamande a quand même décidé d’opter pour l’électrique, malgré les pannes régulières causées par le froid, qui ont paralysé des réseaux entiers à Oslo, à Edmonton (au Canada) ou encore à Berlin, sans parler des véhicules inutilisables de la ville de Grenoble …
La région devait savoir que ce choix condamnait, à court ou à moyen terme, la production de Van Hool et celle-ci n’a pas suffisamment anticipé ce choix.
Mais l’on sait bien que le problème est plus général au niveau de l’industrie européenne. Des pans entiers de celle-ci disparaissent, tout simplement parce qu’elle n’est plus rentable ni concurrentielle, à part quelques secteurs encore épargnés.
Le choix de l’Union Européenne et des pays qui la composent est, depuis longtemps, celui de
« big government and high taxes ». Il faut à tout prix financer un Etat obèse et surpuissant, qui s’occupe de tout, au point de se proclamer lui-même « Etat providence ». Ce financement ne se fait que par des impôts et autres prélèvements obligatoires de moins en moins supportables par les individus, et par les entreprises. Celles-ci, à la différence de la plupart des premiers, ont au moins la possibilité, pour éviter la faillite, de se délocaliser. Ce qu’elles font, soit en choisissant des fournisseurs ou des installations propres, en Asie, en Chine notamment, soit en optant pour un déplacement de la production vers d’autres pays, plus proches, mais où la main-d’œuvre est moins coûteuse, comme … la Macédoine du Nord.
On entend beaucoup de politiciens réclamer une « réindustrialisation » de l’Europe. Ils ne se rendent sans doute pas compte que c’est le système qu’ils ont introduit et auquel ils tiennent par-dessus tout, celui de l’Etat Providence, qui est le responsable de la disparition des industries.
Certains imaginent qu’on forcera les entreprises à revenir en Europe en instaurant des droits de douane ou des contingentements pour les produits venant de l’extérieur. C’est une très mauvaise idée. D’abord parce que les pays étrangers réagissent toujours dans ce cas par des contre-mesures, ce qui empêchera les entreprises européennes encore performantes de supporter : difficile encore de vendre des Airbus si on ne veut plus acheter d’autobus chinois …
Ensuite parce que les droits de douane finissent toujours par être payés par les consommateurs. Si celui-ci ne peut plus opter pour des produits bon marché venant d’ailleurs, il devra bien acheter ces mêmes produits, lourdement taxés, venant de l’étranger, ou leurs équivalents européens, par hypothèse plus chers. En d’autres termes, renoncer au libre-échange, c’est réduire le pouvoir d’achat en Europe.
La seule vraie solution, c’est de renoncer au système qui nous ruine, celui où presque tout dépend d’Etats gloutons et toujours inefficaces, pour réduire le poids du Pouvoir au niveau fiscal et social, et déréguler massivement pour laisser les entreprises se développer et redevenir rentables. Bref, il faut faire exactement le contraire de ce que font l’Union Européenne et les Etats qui la composent.