Le 1ᵉʳ mai 2022, Francesca Albanese est nommée, pour un mandat de trois ans, « rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens ». Depuis le pogrom du 7 octobre et son obsession (plus ancienne) de l’Etat hébreux, les antisionistes ne jurent que par elle. Son rapport « Anatomie d’un génocide » est le livre de chevet de La France Insoumise (LFI). Et pourtant, l’Italienne ne semble pas être une référence en matière de justesse. Dans un signalement récent, UN Watch dénonce un financement « propalestinien » suspect de ses déplacements. Une enquête a été ouverte par le bureau des services de surveillance interne de l’ONU.

Lobbying et financements occultes

Le 25 mars 2024, Francesca Albanese présentait un rapport au Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui affirmait qu’il existait des « motifs raisonnables » de croire qu’Israël avait commis plusieurs « actes de génocide » à Gaza. La rapporteuse appelait les États à mettre en œuvre un embargo sur les armes, à adopter des sanctions contre Israël afin d’imposer un cessez-le-feu et à déployer une présence internationale protectrice dans le territoire palestinien occupé. À la suite de cette publication, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Intérieur israéliens estimaient que l’ONU devait désavouer publiquement ce texte et renvoyer son auteure. Sans succès. 

UN Watch a donc pris les choses en main. Ses investigations révèlent un financement suspect des déplacements de la rapporteuse - à hauteur de 20.000 dollars par des organisations pro-Hamas - en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le scénario est corroboré par les déclarations sur X/ex Twitter de plusieurs groupes de pression palestiniens - dont L'Australian Friends of Palestine Association (AFOPA) - qui affirment avoir « parrainé » la visite d’Albanese.

Lors de ces voyages, la rapporteuse aurait été accompagnée d'au moins un assistant, dans des pays qui n’ont aucun lien avec le mandat spécifique de cette dernière, soit : enquêter sur les droits de l'homme dans les territoires palestiniens. Non seulement, la rapporteuse aurait profité de l’occasion pour tenter de convaincre un grand fonds d’investissement de retirer ses billes d’Israël, mais en outre ces voyages n’ont donné lieu à aucun rapport d’activités officiel.

Conflit d’intérêts

UN Watch poursuit son investigation : la rapporteuse « très spéciale » n’aurait-elle pas aussi omis un détail d’importance lors de sa candidature à l’ONU ? A la page 14 du formulaire de candidature, il est demandé à Francesca Albanese s'il existe « des relations personnelles ou financières qui pourraient amener le(la) candidat(e) à limiter l'étendue des enquêtes, à limiter la divulgation ou à affaiblir ou biaiser les conclusions de quelque manière que ce soit » ou « des facteurs qui pourraient affecter d'une autre manière la capacité du candidat à agir de manière indépendante dans l'accomplissement de son mandat ».  A ces questions elle a répondu : non ! Petit problème : son mari, Massimiliano Cali, a été conseiller économique auprès de l’Autorité palestinienne, ce qui la place en possible « conflit d’intérêts ». 

En vertu de l’article 3 du Code de Conduite des Nations Unies, UN Watch demande donc à l’ONU que soient divulgués tous les paiements illégaux que Francesca Albanese a reçus depuis 2022, ainsi que toutes ses dépenses. L’enquête interne sera dirigée par le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, l’autrichien Volker Türk.

Un titre tout en contrastes

Cette enquête est à replacer dans un contexte plus large qui devrait aiguiller le Haut-commissaire. Rappelons que Francesca Albanese (comme son mari) est connue pour son hostilité virulente envers Israël qui s’est traduite à plusieurs reprises par des prises de position scandaleuses. L’année dernière, elle avait déclaré dans la presse italienne : « Israël affirme que la résistance est du terrorisme. Mais l’occupation exige la violence et crée la violence. Les Palestiniens n’ont pas d’autre moyen de résister que par la violence ». Début juin, elle qualifiait le sauvetage des quatre otages Israéliens « d'opération génocidaire pour légitimer le fait de tuer, blesser, mutiler, affamer et traumatiser les Palestiniens de Gaza ». Elle s’est aussi faite remarquée sur les réseaux sociaux pour ses comparaisons douteuses nazifiant Israël (en rapprochant par exemple la photo d’un soldat SS de celle d’un soldat israélien). Sa pensée est à l’évidence à l’opposé de son titre droitdelhommiste de « rapporteuse ». C’est le grand écart ! Affaire à suivre…