On s’étonne que Donald Trump, parmi d’autres idées parfois moins bonnes, ait décidé de charger Elon Musk d’un pseudo ministère de « l’efficacité gouvernementale »…
Pourtant, il est quand même logique que toute organisation, privée ou publique, se préoccupe de son efficacité, c’est-à-dire de la question de savoir si elle atteint ses objectifs de la manière la plus économique possible. Et il est également logique de désigner pour cette fonction quelqu’un comme Elon Musk, qui a incontestablement démontré son efficacité dans plusieurs entreprises.
Il n’y a aucune raison pour que les fonctions politiques soient, comme c’est pratiquement toujours le cas en France, et malheureusement très souvent aussi en Belgique, réservées à des personnes qui n’ont jamais exercé que des missions pour les pouvoirs publics et n’ont été rémunérées qu’aux frais du contribuable.
Et il est donc normal que Trump se préoccupe du fait que l’argent des contribuables soit utilisé pour obtenir les meilleurs résultats possibles. On peut bien sûr discuter du résultat attendu, mais dans un système démocratique les objectifs sont décidés par les élus. En revanche, il n’y a pas de raison de mettre en cause la recherche de l’objectif d’atteindre ces résultats, une fois fixé, de la manière la plus efficace possible.
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C’est évidemment quelque chose que l’on devrait faire en Belgique aussi. L’on prétend d’ailleurs le faire à peu près dans chaque déclaration gouvernementale, où on affirme, toujours à tort, que l’on a fait tout ce qui était possible pour réduire le coût de l’administration et des autres dépenses publiques de gestion de l’Etat.
Plus ambitieux…
La seule chose que l’on devrait reprocher au plan de Trump et Musk, et, a fortiori, au système belge de vague contrôle des dépenses publiques, c’est qu’il manque d’ambition !
Quand on parle seulement d’efficacité du gouvernement, on se limite à la question de savoir si, pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés dans les domaines dans lesquels il exerce sa fonction, le gouvernement a bien géré son administration.
C’est-à-dire que l’on raisonne à périmètre constant. L’on part de l’idée, préconçue et injustifiée, que, pour exercer ses tâches, telles qu’il les a lui-même déterminées, l’Etat doit être bien géré.
Il faudrait aller beaucoup plus loin. Il faudrait se demander si le fait même que l’Etat exerce certaines missions est suffisamment efficace. En d’autres termes, il faudrait se poser, pour la quasi-totalité des missions de l’Etat, s’il est bien justifié de les lui confier, à lui, alors que d’autres solutions existent.
Il y a des activités publiques, dont on pourrait clairement se passer et qui ne devraient être reprises par personne. Dans le cas des Etats-Unis, il existe étrangement un ministère de l’éducation, alors qu’il s’agit d’une fonction qui incombe normalement aux Etats, voire tout simplement aux écoles. La création de ce ministère permet de diffuser des tas de normes plus ou moins wokistes et d’imposer des contraintes aux Etats, et aux écoles, souvent administrées au niveau des comtés.
La suppression d’une telle administration pourrait parfaitement se concevoir dans un Etat fédéral.
En Belgique, il n’y a aucune raison de charger les communes ou les régions d’activités comme le ramassage des ordures ménagères, et ce avec du personnel soumis à un statut et hyper-syndiqué. Pourquoi ne pas en charger des entreprises privées, soit dans le cadre d’une concession, soit dans un système de concurrence ?
Faut-il vraiment que nos autoroutes soient gérées par les autorités régionales ? Là aussi, on pourrait très bien concevoir d’éliminer ce coût public, en vendant ou concédant ces infrastructures à des firmes privées, qui se rémunèreraient par un péage ?
Privatiser
Un coût qui n’est pas un coût supplémentaire, mais qui est une manière de faire payer par les utilisateurs, et eux seuls, un service public actuellement financé, très cher, vu l’inefficacité administrative, aux frais de l’ensemble de la population. Tout le monde aura remarqué qu’en France, où il existe des portions d’autoroutes publiques et d’autres exploitées par des organismes plus ou moins privés, la qualité du service est exécrable sur les premières portions et bien meilleure sur les secondes.
De même, pourquoi faut-il s’obstiner à conserver des entités comme la SNCB, Infrabel, ou encore les sociétés de transports publics urbains et périurbains, aux mains de l’Etat ou des Régions ?
Ne serait-il pas plus raisonnable de laisser s’organiser une concurrence entre des firmes qui, pour conserver une clientèle, tenteront de rendre le service le meilleur possible, au lieu de traiter leurs passagers comme des biens acquis puisqu’ils n’ont d’autre choix que le service public ? C’est aussi une manière de faire payer les services par leurs utilisateurs et non par tout le monde.
Il ne suffit donc pas de se limiter à chercher l’efficacité de l’administration, mais aussi de voir de quelles activités il y a lieu de délester celle-ci.
Et, sur ce point, il n’est pas du tout certain que Donald Trump, le conservateur, et Elon Musk, le libertarien, seront d’accord …
Typhanie