Le fantasme de l’avocat ripoux ne date pas de la nouvelle année. Deux barreaux, pour des raisons géographiques, ont trusté ces dernières années les imaginations fertiles en la matière. Charleroi, avec quelques curateurs et administrateurs de bien indélicats, laissant croire à une persistante part sombre de robes à l’ombre des terrils. Et Anvers, son port et surtout ses trafics, sans doute trop tentants pour des robins au contact de la bonne « Connection ». C’est dans la dope et les télécoms que l’actualité se bouscule un peu ces derniers temps. Le décryptage, légal ou illégal, des communications codées notamment de Sahil Malik, avocat de 33 ans dit « l’étoile montante du barreau d’Anvers », lui a été fatal. Ce fils de négociant indien en textile à la longue barbe noire a pris 5 ans dans les narines et l’overdose l’a privé de l’accès à une profession qui se voulait plus blanche encore. Sous le nom de code « Sher », le tigre-khan du palais divulguait à son baron de drogue de client albanais des informations privilégiées. Se vantant d’être en contact avec les douanes, il pouvait prétendument vérifier si certains containers avaient été ou non scannés. Ou l’art de l’avocat de se mettre toujours en avant. On a tout de même saisi 161.000 euros, de l’argent qu’il appelait « bouillie, dans un grand sac de sport », en sa maison. Parfois victime, il avait encore été payé en rolex de 32.000 euros … fausse sans valeur. Il avertissait également, pour une bonne coordination, de ses clients qui avaient parlé à la police. Il peut faire appel mais pour l’heure c’est « tintin » pour la poursuite de sa profession. Bye-bye à l’« étoile » mystérieuse.

Pour Sofian Bouzoubaa, qui a démissionné du barreau de Bruxelles, c’est le début d’une même galère. La défense de celui qui est suspecté d’être venu faire pression en prison auprès d’un détenu au profit de ses comparses ou rivaux est plutôt surprenante : « je m’y suis rendu pas en tant qu’avocat pénaliste mais en tant qu’avocat d’affaires ». Une affaire juteuse à 500.000 ou 900.000 euros, se muant en tentative d’extorsion sur le cerveau de la bande. Le détenu avait pourtant comme avocate Nathalie Gallant, à qui il vaut mieux ne pas se frotter et qui lui a sûrement conseillé de dénoncer les faits. Ce qui était à prévoir. Le désormais ex-robin aurait dit être venu pour récupérer l’argent correspondant à la saisie par la police de 25kg de cocaïne. Une peu futée et bien téméraire affaire. D’autant plus que cet ancien avocat ne retrouve plus les coordonnées de son mandant et que son téléphone s’est malheureusement brisé en tombant. Les robins n’ont pas toujours de chance. Le verdict dans ce mégaprocès n’est désormais plus attendu avant le mois de juin, le dossier ayant été retardé par la demande de récusation de la juge Isabelle Panou et de ses 2 co-magistrats par Me Gilles Vanderbeck. Les réactions et propos tenus par les juges ne lui avaient pas plu. Une tentative avortée qui, selon nos informations, a bien failli fonctionner et aura fait un temps trembler le passé siège de l’Otan.