ET LE PETROLE DE BELLES ANNéES DEVANT LUI !
Le centième anniversaire de TotalEnergies rappelle à quel point les produits pétroliers sont et resteront encore longtemps indispensables. Les grandes entreprises, dont TotalEnergies, font de grandes manœuvres pour s’approprier les nouveaux eldorados du pétrole, tandis qu’en Belgique francophone, tous les partis continuent à tromper la population sur la transition énergétique.
Bon anniversaire à une belle entreprise, mais elle pourrait faire mieux
Total est l’une des grandes compagnies pétrolières actuelles. Le 29 mars, elle a fêté son 100e anniversaire. En 2021, elle a changé de nom pour devenir TotalEnergies, car elle est devenue une entreprise multiénergies, désireuse d’investir également dans le monde de l’électricité. La raison est également commerciale, car lorsqu’on fournit du gaz naturel aux foyers, comme le fait TotalEnergies, il est facile de proposer aux clients un contrat de fourniture d’électricité. TotalEnergies se targue d’être « résolument engagé » dans la transition énergétique, mais les écologistes ne lui font pas confiance. À juste titre. Si TotalEnergies veut verser des dividendes à ses actionnaires, elle doit continuer à vendre du pétrole. C’est là que les profits sont les plus élevés. Pourquoi ? Parce que l’or noir porte bien son nom, parce que sans lui, le monde s’arrêterait, comme il a failli le faire lors des chocs pétroliers de 1973 et 1979.
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Mais pendant la guerre de 1914-1918, ce fut pour la France bien pire que lors des chocs pétroliers. Contrairement au Royaume-Uni, qui a compris le rôle crucial du pétrole dans la marche du monde, la France n’avait pas pris conscience de son importance. Dans le budget du ministère de la Guerre, ils avaient prévu assez de foin pour les chevaux, mais pas assez de carburant pour les véhicules. En 1917, le président de la République, Georges Clemenceau, doit supplier le président des États-Unis, Woodrow Wilson, de lui envoyer du pétrole pour pouvoir mettre fin à la guerre. Clemenceau s’en rend compte tardivement et écrit à Wilson : « il faut que la France combattante, à l’heure du suprême choc germanique, possède l’essence aussi nécessaire que le sang dans les batailles de demain ». En 1924, le gouvernement français a créé la Compagnie Française des Pétroles (CFP), qui est devenue Total en 1991.
La leçon à tirer me semble claire : aujourd’hui l’essence - et le diesel - est aussi nécessaire qu’il l’était en 1917. TotalEnergies le sait et tient tête aux écologistes français qui font tout pour l’abattre.
Son PDG, Patrick Pouyanné, ne cède pas et continue de miser sur les hydrocarbures, mais il tente de se faire passer pour un écolo en investissant aussi dans les énergies renouvelables. J’espère que les actionnaires de TotalEnergies suivront bientôt une majorité d’actionnaires de Shell pour exiger que l’entreprise cesse de perdre de l’argent en investissant dans les énergies renouvelables.
Le Guyana ne se laisse pas influencer par les écologistes
Les lecteurs de PAN ont déjà entendu parler de la nouvelle région pétrolière prometteuse du Guyana, un petit pays des Caraïbes (15 décembre 2023 — édition 4118) dont le Venezuela revendique une grande partie du territoire de l’Essequibo. TotalEnergies était au courant de ce grand potentiel bien avant nous évidemment. La société française a commencé à explorer le bassin prolifique de la Guyane en acquérant des intérêts dans deux licences d’exploration au large de la côte de Guyana, d’une superficie de 12 000 kilomètres carrés. Ce n’est donc pas un hasard si la semaine dernière le Quai d’Orsay a annoncé que la France va ouvrir une ambassade à Georgetown, devenant ainsi le premier État membre de l’UE à établir une ambassade dans le nouvel eldorado.
Un nouvel eldorado qui ne plaît pas du tout aux écologistes. Croyant avoir affaire à un poltron, dans une interview le journaliste de la BBC Stephen Sacku a tenté de culpabiliser Irfan Ali, le président du Guyana, en lui demandant s’il se rendait compte que l’exploitation de ce pétrole générerait 2 milliards de tonnes de carbone et s’il s’était rendu à la COP de Dubaï. Le président l’a vigoureusement interrompu et lui a demandé s’il savait que le Guyana possède « une forêt plus grande que la surface de l’Angleterre et de l’Écosse qui stocke 19,5 gigatonnes de carbone », une forêt que nous avons maintenue en vie pour absorber les émissions que vous, les hypocrites, avez émises. L’activiste a de nouveau tenté de le décontenancer en lui demandant si cela lui donnait le droit d’émettre tout ce carbone, mais le président l’a interrompu de nouveau rudement en disant qu’il n’avait pas fini de parler et a dénoncé « l’hypocrisie occidentale » en matière d’émissions, ajoutant qu’il n’avait pas le droit de lui faire la leçon sur le changement climatique.
Passons aux choses sérieuses. Chevron a acheté Hess, un pétrolier de taille moyenne, pour 53 milliards de dollars. Celle-ci détient une participation dans le gisement pétrolier de Stabroek, au large du Guyana. Mais ExxonMobil et le chinois CNOOC, qui possèdent respectivement 45 % et 25 % de Stabroek, affirment qu’ils disposent d’un droit de préemption et qu’ils ont donc la priorité sur Chevron pour prendre le contrôle du champ. Le 26 mars, ExxonMobil et la société chinoise CNOOC ont fusionné leurs demandes d’arbitrage contre la volonté de Chevron de prendre le contrôle du champ du Guyana. La décision du tribunal d’arbitrage ne nous concerne pas vraiment. Ce qui est important, c’est de comprendre que, contrairement à la croyance largement répandue dans l’UE selon laquelle le pétrole, comme l’énergie nucléaire, est une énergie du passé, l’or noir restera indispensable. 92 % de l’énergie utilisée dans les transports provient des produits pétroliers. Toutes les politiques de transition énergétique ne feront qu’éroder cette hégémonie, et encore, ce sera uniquement dans les pays de l’OCDE, lesquels poursuivent leur utopie verte en gaspillant de l’argent qu’ils n’ont même plus.
Ailleurs dans le monde, la course à la production pétrolière se poursuit sans relâche. Notons simplement que la Russie vend toujours autant de pétrole qu’avant la guerre en Ukraine, et que le 20 mars, le Congrès américain a envoyé une lettre sévère de six pages à l’Agence internationale de l’énergie pour se plaindre avec véhémence de ses scénarios fantaisistes de réduction de la consommation de pétrole. Nous reviendrons sur cette lettre, car elle montre que la fin de la transition énergétique est bien plus proche que la fin du pétrole.