C'est fait ! Les militants PS ont validé à la mi-février les listes électorales pour la Région et le fédéral. Pour Thomas Dermine, c'est sa première campagne comme candidat. Dans son récent ouvrage « Wallonie-Flandre, au-delà des clichés » - dont le buzz a plus enflé sur trois zakouskis lors d’une séance de dédicaces à Châtelet que sur la solidité de sa vision politique - « la Wallonie est au cœur de mon engagement politique », affirme-t-il. Petit bémol ! Une fonction de Ministre n’est pas une libéralité octroyée par le contribuable pour faire campagne. « Il est utile, entre les vidéos de la ministre de la Défense ou l’omniprésence de certains dans leurs circonscriptions, de le rappeler au PS », a fustigé il y a quelques semaine, à la Chambre, Denis Ducarme (MR), troisième sur la liste fédérale dans le Hainaut. Nous avons donc voulu vérifier si le Secrétaire d’Etat à la relance passait effectivement trop de temps en mode infiltration, à Charleroi.
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A la chambre, Denis Ducarme n’a pas mâché ses mots : « J'ai même cru que votre cabinet était à Charleroi. Charleroi, c'est bien, mais le gouvernement et le parlement, c'est bien aussi, lorsque l'on est secrétaire d'Etat ». Une personnalité politique est effectivement payée par le contribuable pour obtenir des résultats. Et pour Thomas Dermine, c’est le plan de Relance. Le député MR faisait allusion au fait que la Belgique n'a toujours pas reçu le premier versement de l'argent européen promis pour financer tous les projets de ce plan.
Thomas Dermine a fermement rejeté les suspicions d’absence, invitant à vérifier afin de déterminer s'il y a la moindre plainte sur sa prétendue absence au fédéral, ce que nous avons fait en nous penchant sur ses réseaux sociaux, livres ouverts sur l’agenda de nos politiques. Et à l’examen de sa page Facebook en particulier, depuis le 1er juillet 2023, Thomas Dermine a publié une soixante de post relatif à des activités en présentiel, pendant les heures ouvrables (donc hors week-end) sur Charleroi et une trentaine seulement dans le cadre de ses fonctions de Secrétaire d’Etat. Et il s’affiche partout avec enthousiasme : malaxer du pain à Marcinelle, déguster des crêpes au centre-ville, faire un selfie devant la gare avec quelques ouvriers et participer au Bal des Climbias à Lodelinsart, après avoir visité une auto-école du coin et avec un petit détour par les Grandes Distilleries de Charleroi. Et puis, qu’à cela ne tienne ! Thomas Dermine se maintient aussi en forme entre de l’accrobranche à Marcinelle, le semi-marathon de Charleroi Métropole et des rencontres avec des sportifs de haut niveau. Et, parce qu'il faut aussi drainer les moins de 25 ans, le Secrétaire d’Etat à la relance s’offre aussi une petite conférence à la Haute Ecole de Louvain en Hainaut (HELHa) sur le campus de Montignies-sur-Sambre pour parler du « déploiement de la Haute École sur le bassin de Charleroi et les potentiels stages dans la région carolo ».
A l’évidence, tout cela laisse peu de place pour le fédéral ! En 2022, rappelons que Thomas Dermine affirmait pourtant par voie de presse : « le plan de Relance est le plan d’investissements le plus important depuis les années septante (…) les projets sont iconiques (…) ils changeront la face de la Belgique (…) le plan de relance va dessiner la Belgique de demain (…) L’objectif pour la Belgique est d’être dans le peloton de tête européen début 2024 (…) il faudra mettre les bouchées doubles en 2024 afin de tout achever, tout boucler pour 2026, comme nous nous y sommes engagés ».
Les bouchées doubles ? Hormis un « acompte » de 770 millions, la Belgique n’a toujours pas reçu le moindre euro de l’Europe pour son plan de relance. Et pourtant, l’enveloppe totale, disponible jusqu’à fin 2026, s’élève à 5,3 milliards. Mais, il est vrai que l’on ne peut pas être au taquet sur le front de la résilience économique et tirer les ficelles de la relance, lorsque l’on passe les 2/3 de son temps en campagne électorale, une campagne entamée près d’un an avant l’échéance du 9 juin prochain !