Féministes engagées, Marguerite Stern et Dora Moutot ont pris leur distance avec les mouvements qu’elles côtoyaient, jugeant que le mot « trans » y prenait trop de place. Mieux, elles donnent l’alerte. Le projet est politique. Il entend modifier notre société en effaçant toute forme de sexuation. Le mot « femme » est devenu transgressif. Mais, force est de constater qu’étriller le transactivisme est une prise de guerre.
Le lobby trans : une contagion sociale
On imaginait le problème limité aux Etats-Unis. Au lycée, en entreprise,
« non binaire », « iel », la frénésie est désormais partout ! Le sujet est posé. Au printemps de cette année, Dora Moutot et Marguerite Stern publie n« Transmania », aux éditions Magnus. Elles y dénoncent l’évolution sociétale du transsexualisme - auparavant considéré comme une condition médicale, soit changer de sexe - vers un transgenrisme, une façon de se présenter au monde, soit une étiquette sociale. « Il y a une dérive manifeste dans les divers espaces sociaux, y compris dans les manuels scolaires qui rejettent la biologie et invitent les enfants au changement avant même de se connaître. Partout en Europe, les chiffres montrent une augmentation significative des demandes de changement de sexe chez les jeunes ». La cause perverse ?
« Un phénomène de dysphorie de genre d’apparition rapide, alimenté par une forme d’imitation sociale et une surreprésentation du sujet en mode lobby ».
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Un casse intellectuel bien pensé
Et c’est là que Moutot et Stern ciblent une idéologie politique grassement financée. « Il y a un rapport de LGBT Thunder, un groupe de philanthropes qui déclare avoir injecté plus de 36 millions aux États-Unis en 2021 pour faire avancer les revendications transgenristes et cet argent revient en Europe à travers certaines ONG comme Transgender Europe ». Et de préciser : « Ils financent toute une nébuleuse d’ONG qui s’occupent de faire avancer la notion d’identité. Ils font en sorte que cette notion pénètre dans la législation, que le langage médiatique change grâce à certaines associations qui collaborent avec l’Associated Press et l’AFP pour éduquer les journalistes sur comment il faut parler de la question. C’est très organisé tout cela ! C’est l’un des plus gros casses conceptuels du siècle ». Voilà exactement ce qu’il ne fallait pas dire !
Saquer, ça ramasse !
Prises pour cibles par différentes associations, dont SOS Homophobie et l’association de lutte pour les droits LGTB, les deux essayistes - qui ont juste eu le malheur de rappeler l’existence de réalités biologiques - font l’objet d’un déferlement de haine mortifère. Leur ouvrage est « transphobe », promu par l’extrême-droite. En résumé, il ne fallait surtout pas touiller dans le caquelon du wokisme. « Saquer la différence, ça ramasse », annoncent une horde de militants trans et antifascistes déchaînés. A chaque séance de dédicaces, des individus cagoulés, équipés de matraques télescopiques, d’opinels et même de mortiers d’artifice, sont interpellés par les forces de l’ordre. Harcelées sur les réseaux sociaux, agressées plusieurs fois dans la rue, menacée de viol collectif, Marguerite Stern et Dora Moutot sont aujourd’hui sous protection policière. Sur Paris-lutte-info, un site antifas, le message est clair : « nous sommes des anarchistes queers et criminels et cette société ne nous suffit pas, et ne nous suffira jamais. Nous voulons anéantir la morale bourgeoise et réduire ce monde en poussière. Nous sommes là pour détruire ce qui nous détruit ».
Un bashing alimenté par la gauche
La menace est bien réelle. Et pourtant, le politique a mis le feu aux poudres. Dès la parution de l’ouvrage, la mairie de Paris a exigé le retrait des publicités des rues de la capitale. La position d’Anne Hidalgo est claire : « la transphobie est un délit. La haine de l’autre n’a pas sa place dans notre ville. Paris n’est pas la vitrine de cette haine crasse ». Dans la foulée, une tribune aux 800 signataires (tous de gauche) qualifiant « Transmania » de « haineux » est publiée dans Politis. En Belgique, alors que David Clarinval (MR) ose se permettre de conseiller le livre en lecture, l’écolo Saskia Bricmont en rajoute une couche : « il y a des lignes rouges. Des conseils de lecture transphobe ou la tenue de propos racistes sont intolérables, à fortiori venant de Ministres. Normaliser ces propos au MR contribue à répandre la transphobie et le racisme ». Ce qui fera immédiatement réagir Georges-Louis Bouchez (MR) : « il n’y a que sous le régime nazi que des livres étaient interdits » !
Parce que la transphobie tue ?
Les auteures dénoncent une censure, une police de la lecture. Alors qu’elles sont accusées d’être des Terf (NDLR : des Trans-exclusionary radical feminist), elles revendiquent leur droit à exprimer une opinion critique sur la « réassignation sexuelle ». Il ne s’agit pas d’un pamphlet ou d’une diatribe facile et vindicative, mais d’une enquête approfondie, n’en déplaise à ceux qui l’attaquent ! Mais, refuser d’accepter qu’un homme gavé d’hormones et chirurgicalisé puisse devenir une femme, c’est passer du côté obscur de la force. L’accusation de « transphobie » leur est jetée à la figure parce que « la transphobie tue ». Tout le paradoxe est aujourd’hui dans ce slogan ! Menacées de mort pour oser dire, les auteures ont dû annuler plusieurs conférences, dont la dernière en date prévue ce 22 octobre, au Café Laïque, à Bruxelles. Sur X/ex Twitter, elles s’en expliquent : « Nous devons nous effacer ou on va se faire éclater la tête. Nous ne voulons ni perdre un œil comme Salman Rushdie, ni carrément la vie, comme les journalistes de Charlie Hebdo, parce qu’une bande de transactivistes jugerait glorieux de nous abattre. Certains seront déçus ou diront que nous abandonnons, mais ce n’est pas le cas. Tout ce que nous avons à dire se trouve dans notre livre Transmania ».
Une fois de plus, Bruxelles apparaît comme un lieu où la liberté d’expression est mise à mal sous la pression de la gauche et de l’extrême gauche. En décembre 2022 déjà, le Café Laïque avait subi des dommages pour avoir invité les psychologues Caroline Eliacheff et Céline Masson, auteures d’un essai sur la tragédie des enfants transgenres. En attendant, Transmania est numéro 1 des ventes sur Amazon et en rupture de stock dans les meilleures librairies. Sur Amazon 85% des lecteurs ont mis une note de 5/5. Il reste donc encore un village d’irréductibles intellectuels gaulois. C’est plutôt rassurant...