On se plaint que cela fait six mois que les partis bruxellois sont incapables de former un gouvernement… Et à voir la tournure des choses, on peut se demander s’il n’est pas préférable qu’il n’y ait aucun gouvernement, tant les différents protagonistes déçoivent, les uns après les autres !

Il y a bien sûr ce problème du système électoral bruxellois, qui est à la fois contraire aux principes élémentaires de la démocratie et une réelle difficulté pour assurer la gouvernabilité de la ville–région.

Non-sens communautaire

Il n’y a aucun sens à donner une représentation garantie de 17 sièges sur 89 aux Flamands de Bruxelles, alors que leur proportion dans la ville est évidemment beaucoup moins importante que cela. Pourquoi favoriser cette minorité-là alors qu’il en existe beaucoup d’autres qui n’ont aucune minorité garantie ? Surtout, il n’y a aucune raison de garantir quoi que ce soit à aucune minorité, sauf sa représentativité conforme à la volonté de l’électorat.

Les électeurs bruxellois n’ont pas les mêmes droits : le poids des électeurs francophones est nettement inférieur à celui des flamands.

En outre, on exige, pratiquement, une majorité à la fois chez les francophones et chez les Flamands pour gouverner et on donne aux quelques élus flamands une minorité de blocage qui ne correspond pas à leur faible représentativité. C’est un problème depuis des années et cela a valu à Bruxelles de connaître plusieurs ministres successifs, élus avec quelques centaines de voix, soit moins que ce qu’il leur faudrait pour être conseiller communal, mais ayant un poids significatif sur la politique régionale et sur la vie des Bruxellois.

A qui se fier ?

Donc, ceci a permis à ceux (Groen) qui avaient la majorité relative de ce petit groupe minoritaire de s’opposer pendant des mois à toute idée d’une coalition, et même de refuser purement et simplement de négocier. Or, sans ce parti extrémiste vert, il n’est pas possible de trouver une majorité flamande sans s’adjoindre, soit l’extrême droite du Vlaams Belang, soit le parti ultra-communautariste dirigé par un antisémite notoire, team Fouad Ahidar.

Lorsqu’en définitive les partis flamands arrivent à un semblant d’accord, on doit constater qu’il comporte des revendications qui ne sont tout simplement pas de la compétence de la région. Et qui, en plus, s’agissant d’exigences nationalistes flamandes, sont à l’évidence inacceptables pour tous les partis francophones. C’est le cas, par exemple, de la fusion des zones de police.

On a dû ensuite voir le PS, qui était pourtant encore réputé comme un parti sérieux de gouvernement, refuser de négocier avec la NVA, le premier parti du pays. Puis refuser de négocier avec qui que ce soit, ce qui n’est évidemment pas une attitude responsable.

Le cirque a ensuite continué lorsqu’on a vu que le MR et Les Engagés n’ont rien trouvé de mieux que d’inviter non seulement Défi (ce qui se comprend), mais aussi… Ecolo à participer à des négociations.

Il faut quand même rappeler que pendant des années, le MR n’a cessé de critiquer violemment Ecolo, en raison du fait qu’il s’agit d’un parti d’extrême gauche, d’une part, et qu’à Bruxelles en tout cas il a une attitude particulièrement communautariste.

Le MR avait certainement bien raison d’émettre ces critiques qui sont parfaitement fondées. C’est bien comme cela, qu’en région bruxelloise, le parti vert s’est comporté pendant les années où il a siégé au gouvernement.

Bien plus, à Bruxelles, le MR et Les Engagés ont axé leur campagne sur une revendication essentielle,  elle aussi, tout à fait justifiée : mettre fin au plan « good move » qui est une véritable nuisance pour la mobilité dans la capitale.

Et ensuite, on ne trouve rien de mieux que de proposer au parti qui est à la base de ce funeste plan une participation au gouvernement.

C’est à croire que le contenu d’un accord n’importe pas à ces partis et qu’il leur importe seulement d’avoir un gouvernement et d’y participer, sans s’intéresser au contenu de l’accord.

On a déjà dû constater, avec étonnement, que dans une commune comme Uccle, le bourgmestre qui avait plusieurs solutions pour faire de sa large majorité relative une majorité absolue, s’est tourné vers les verts, alors qu’à l’évidence la majorité de son électorat avait comme objectif essentiel de s’en débarrasser.

La population a droit à de la cohérence. Les partis qui ont défendu des positions doivent avant tout les faire valoir dans une négociation. 

Et non gesticuler pour avoir des portefeuilles de ministre, quitte à partager le pouvoir avec n’importe qui. 

La question est finalement de savoir s’il y a encore un quelconque parti à qui l’on peut se fier à Bruxelles !