Le 11 décembre 2015 fut déposée en Suisse une initiative populaire fédérale « Oui à la suppression des redevances radio-télévision », « JA zu No Billag ». Soutenue par la droite libertarienne suisse, cette initiative s’inscrivait dans une perspective de résistance fiscale et de défense du contribuable et reprenait l’idée que la télévision publique suisse était trop coûteuse par rapport à son contenu et qu’il valait mieux supprimer la redevance radio-télé et inciter les chaînes privées à rivaliser et à offrir un contenu de qualité à moindre coût pour le consommateur. 

Les sondages donnaient l’initiative gagnante jusqu’à ce que se mobilisent les milieux artistiques et politiques. Ben, tiens ! N’empêche, les Suisses avaient eu droit à un grand débat démocratique sur le service public audiovisuel.

UN GRAND DEBAT DEMOCRATIQUE

Il serait grand temps d’en lancer un chez nous ! C’est la conclusion à laquelle notre estimé collègue Alain Destexhe était arrivé dans un article publié le 5 mars 2018 et mis à jour le 4 décembre 2020  sur le site de Le Vif/L’Express. « Gageons, écrivit-il, qu’un tel débat serait tout aussi enflammé chez nous. Alors lançons-le ! » Cela reste d’actualité. L’article nous servira de fil rouge, rouge bien sûr !

Dans La Libre, Jean-Paul Philippot, le patron de la RTBF, avait avancé deux arguments principaux pour justifier l’existence d’un service public : l’information pluraliste et les émissions culturelles.

« La mission de la RTBF est de délivrer une information plurielle et indépendante ».
Or, à longueur de journaux radio et télé, reportages, sujets, commentaires et billets d’« humoristes », constatait Destexhe, la RTBF sert un mix indigeste de militantisme de gauche sur à peu près tous les sujets (économie, N-VA, immigration, islamisme, grèves, politique américaine ou française, etc.). Oubliez la pluralité des opinions. Elle n’existe pas plus aujourd’hui qu’hier, sans omettre que le PTB, parti communiste de stricte obédience, qui se revendique du marxisme, une idéologie totalitaire, y est accueilli à bras ouverts. Ça tombe bien : le directeur PS de l’info, Jean-Pierre Jacqmin, est un ancien trotskyste. Repenti ?

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A GAUCHE TOUTE

Les figures de proue de la RTBF ont une sensibilité de gauche. Leurs revues de presse font la part belle aux journaux de gauche (Le Monde, Libération), citent peu un journal modérément de droite comme Le Figaro et jamais les médias souverainistes ou « d’extrême droite » (Front populaire de Michel Onfray, Causeur, CNews). Alors qu’éthique et transparence sont les leitmotivs de l’époque, les journalistes, personnages importants dans le formatage de l’opinion, ne fût-ce que par les sujets dont ils optent de parler ou pas et comment (cf. le biais palestinien de la RTBF), ne devraient-ils pas jouer cartes sur table et décliner d’où ils parlent ? Horreur, damnation et cris d’orfraie ! Vie privée ! Ere du soupçon ! Que valent ces arguments, s’interrogeait Destexhe, quand il existe un fort soupçon que toutes ces personnes votent à gauche ?

Ce n’est pas qu’un soupçon. En 2013, une enquête de l’Association des journalistes professionnels indiquait que 84% des journalistes belges francophones se positionnaient « à gauche ». Une étude plus récente a révélé que, sur une échelle de 1 (tout à fait à gauche) à 10 (tout à fait à droite), près d’un quart des journalistes francophones de moins de 35 ans ont donné un score de 1 ou 2, c.-à-d. à l’extrême gauche ! Parmi les 35-44 ans, ils sont encore près de 20% « à la gauche de la gauche ».

PS COMME BREVET D’APTITUDE

A Drieu Godefridi qui lui faisait remarquer que 90% des journalistes américains étaient de gauche, le journaliste de la RTBF Bertrand Henne répliqua sur antenne qu’il n’y voyait aucun inconvénient tant qu’ils restaient objectifs. Comme si les opinions personnelles n’influençaient pas le propos ! Seule l’honnêteté dans la relation des faits peut exister, pas l’objectivité. Un exemple parmi d’autres, cité par Destexhe, fut l’émission d’Eddy Caekelberghs qui, pendant un quart de siècle, distilla à la RTBF, par le choix de ses invités et ses commentaires, son petit bréviaire de gauche marxiste, tout en publiant sur Facebook des diatribes gauchistes. Y eut-il un Caekelberghs de droite pour faire pendant ? Vous auriez beau chercher. En francophonie belge, environ 20% des gens votent libéral. Y a-t-il un seul journaliste qui le soit à la RTBF ? Qu’en pensent les représentants du MR qui siègent à son conseil d’administration ?

Philippot, à la tête de la RTBF, est lui-même une créature socialiste qui, lorsqu’il a été choisi, n’avait aucune expérience dans le domaine de l’audiovisuel. Il est vrai, ironisait Destexhe, qu’être socialiste vaut parfois brevet d’aptitude. Auparavant, il avait été nommé par le PS dans la structure faîtière des hôpitaux publics bruxellois, une expérience qui certes pouvait s’avérer utile pour réanimer la RTBF. Ou, à discrétion, faire appliquer le « cordon sanitaire » sans aucune justification matérielle (comme autrefois pour Mischaël Modrikamen, aujourd’hui pour Drieu Godefridi)... 

Quant aux émissions culturelles, elles aussi reflètent des choix idéologiques, quand elles ne font pas dans le bucolique, façon de flatter les écolos (annoncés à 10% de l’électorat). Pourquoi le privé ne pourrait-il produire et diffuser des émissions culturelles de qualité ? Le Concours Reine Elisabeth pourrait sans nul doute être couvert et diffusé à moindre coût sans mobiliser la machinerie publique avec ses contraintes syndicales aussi exorbitantes du droit commun que désuètes. Avec une mission de service public, une fréquence spécifique et une subvention, un opérateur privé fera l’affaire pour diffuser de la musique classique, comme le fait Musiq3, sans besoin d’insulter la langue française !

CINQUANTE NUANCES DE ROUGE

La francophonie belge a besoin non d’un service public aux cinquante nuances de rouge, mais de pluralisme. Des chaines privées y contribueraient, malgré les contraintes budgétaires d’un marché francophone étroit (4,6 millions d’habitants).

Comme son immeuble d’autrefois qui évoquait le stalinisme et les années 60, la RTBF est un vieux paquebot, coûteux, mal géré, polluant les consciences dans un smog rouge et emportant quelques dizaines de passagers oisifs qui, des cabines de luxe à la soute, se la coulent douce. Ce navire est piloté et sait où il va, mais ses actionnaires – nous ! - en ont perdu le contrôle. Ceux qui le regardent ou l’écoutent crachoter sa vapeur se disent qu’un petit navire neuf avec des cheminées multicolores ferait mieux l’affaire. Le vieux paquebot, on peut le privatiser (qui en voudrait ?) ou l’envoyer à la casse et en faire deux pour moins cher. Un qui navigue à bâbord et l’autre à tribord. Pourquoi pas ?

Les finances francophones sont exsangues. Rien ne justifie de saigner les contribuables d’un montant astronomique (aujourd’hui près de 400 millions d’euros par an), concluait Destexhe, pour une parole sectaire (mondialiste, européiste, immigrationniste, pro-avortement...) qui vise, ni plus ni moins, à endoctriner.